par Julien Toyer

Dans une interview à Reuters, Olli Rehn estime par ailleurs que le plus tôt sera le mieux pour revoir à la baisse les prévisions de croissance, qui devront être ajustées au plus tard en septembre lors de la présentation du projet de budget 2011.

"Il est sensé pour la France de se diriger vers une consolidation budgétaire plus intense l'année prochaine parce que les niveaux de déficits et de dette seront en hausse", a-t-il déclaré.

"Pour 2010, la France semble en faire assez pour remplir ses objectifs", ajoute-t-il, une semaine après avoir déjà délivré un premier satisfecit aux autorités françaises pour l'exercice en cours.

Tout en considérant que le pays est un "cas limite", Olli Rehn place donc clairement la France parmi les pays qui, comme l'Allemagne, peuvent attendre 2011 pour accélérer leurs efforts de remise en ordre de leurs finances publiques.

Sous la pression de leurs pairs, l'Espagne, le Portugal et la Grèce ont dû quant à eux réaliser cet effort dès cette année.

Mais, estime l'exécutif communautaire, les mesures envisagées pour réduire les déficits doivent être précisées dès que possible.

"Il y a une besoin évident de détailler les mesures envisagées pour remplir les objectifs pour 2011, 2012 et 2013", explique Olli Rehn.

Cela concerne notamment la réforme des retraites sur laquelle planche le gouvernement de François Fillon, que le commissaire finlandais juge être "un pas nécessaire dans la bonne direction, comme ce qui se fait actuellement dans les autres pays en Europe".

PRÉVISIONS DE CROISSANCE

Concernant les prévisions de croissance pour 2010 et 2011, que la Commission avait jugé légèrement optimistes la semaine dernière, il dit qu'un bilan sera fait lors du prochain conseil Ecofin, le 13 juillet, et que les Etats membres devront revoir leurs prévisions "pendant l'été".

"Le plus tôt est le mieux mais cela devra être fait au plus tard lorsque les projets de budgets pour l'année prochaine seront présentés", a-t-il fait valoir.

Les grandes lignes du projet de budget 2011 français seront présentées le 6 juillet lors d'un débat à l'Assemblée nationale et le projet de loi doit être étudié en Conseil des ministres à la fin du mois de septembre.

Pour l'instant, le gouvernement français anticipe une croissance de 1,4% en 2010 et de 2,5% en 2011. Mais les chiffres décevants du premier trimestre - une croissance de 0,1% - laissent entrevoir une révision inéluctables de ces prévisions.

Dans une interview aux Echos, Christine Lagarde a d'ailleurs indiqué qu'elle prendrait une décision une fois connus les chiffres du deuxième trimestre, mi-août.

En terme de déficits, Paris s'est engagé auprès de la Commission européenne à les ramener sous la limite de 3% du pacte de stabilité et de croissance en 2013.

Le déficit public français est attendu à 8,0% du produit intérieur brut en 2010, puis à 6,0% du PIB en 2011, 4,6% en 2012 et 3,0% en 2013, mais sous réserve d'une croissance de 2,5% à partir de 2011.

La révision à la baisse des prévisions impliquera donc de prendre de nouvelles mesures d'économies s'ajoutant aux efforts annoncés par François Fillon pour un montant total de 45 milliards d'euros d'ici 2013.

La réforme des retraites, de nouvelles réductions de dépenses et sans doute des annonces sur les niches fiscales lors de la présentation du budget en septembre.

Julien Toyer, avec Marcin Grajewski et Ilona Wissenbach, édité par Nicolas Delame