* Fabius confirme l'accélération du déploiement de la Misma

* Réunion des ministres des Affaires étrangères européens (Actualisé avec interview Cahuzac aux Echos)

PARIS, 14 janvier (Reuters) - La France n'a pas vocation à agir seule contre les djihadistes au Mali, a déclaré lundi son ministre des Affaires étrangères, qui a fait état d'un soutien "quasi unanime" de la communauté internationale à l'opération déclenchée vendredi par Paris.

Laurent Fabius a assuré, lors d'une conférence de presse, que la France avait informé "l'ensemble" de ses partenaires de cette opération lancée à l'appel des autorités maliennes pour stopper deux colonnes de combattants islamistes fonçant vers Bamako. (voir et )

Mais "la France n'a pas vocation à rester seule aux côtés du Mali", a ajouté le chef de le diplomatie française, qui a fait état de la confirmation du soutien politique de l'Onu par son secrétaire général, Ban Ki-Moon. Il a aussi fait état du soutien opérationnel de plusieurs pays.

"L'urgence nous a imposé d'agir vite. Mais nos partenaires européens, africains et aux Nations unies montrent qu'ils sont prêts aujourd'hui à répondre également présent", a-t-il dit.

Il a ainsi précisé que le Royaume-Uni fournissait des avions de transport et que l'Allemagne "examinait" une aide logistique, humanitaire et médicale. La Belgique et le Danemark fournissent aussi des moyens de transport. "Les Etats-Unis nous apportent un soutien dans le domaine du transport, des communications et du renseignement", a ajouté le chef de la diplomatie française.

Dans un entretien à paraître mardi dans Les Echos, le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, précise que 630 millions d'euros sont prévus pour les opérations extérieures de la France. "S'il faut dépenser davantage, cela sera pris sur la réserve de précaution", précise-t-il.

Parallèlement, les préparatifs du déploiement d'une force constituée par des pays d'Afrique de l'Ouest, la Mission de soutien au Mali (Misma), s'accélèrent, a-t-il dit.

Il a précisé que le Nigeria fournirait 600 hommes, le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal environ 500 chacun et le Bénin 300. Le Tchad fournira aussi un contingent et d'autres soutiens encore sont annoncés, a-t-il ajouté.

Selon la présidence française, le président du Tchad, Idriss Déby, a confirmé lundi à François Hollande que son pays était prêt à participer à la force africaine.

RÉUNION EUROPÉENNE

"Notre objectif est celui d'un déploiement aussi rapide que possible de la Misma", a fait valoir Laurent Fabius, selon qui son état-major est déjà en train de s'installer à Bamako.

"Une conférence aura lieu demain sur place afin de planifier le déploiement des troupes. Une conférence des donateurs aura lieu à Addis-Abeba à la fin du mois de janvier en marge du sommet de l'Union africaine", a-t-il encore précisé.

Alors qu'une réunion du Conseil de sécurité sur le Mali se tenait lundi après-midi à New York, Laurent Fabius a annoncé la tenue cette semaine d'une réunion exceptionnelle des ministres européens des Affaires étrangères.

"Nous y prendrons des décisions permettant d'accélérer le déploiement de la Mission de formation et de conseil de l'UE auprès de l'armée malienne", a-t-il précisé. "Nous devons examiner aussi la participation que nos partenaires européens peuvent apporter au déploiement de cette Misma."

La Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a confirmé cette réunion et précisé qu'elle aurait pour objet de "faire le point sur les actions européennes possibles en soutien au gouvernement (malien)".

Laurent Fabius a assuré que tout était fait pour assurer la sécurité des Français au Mali et dans la région. Des gendarmes d'élite du GIGN ont ainsi été envoyés sur place et le lycée français de Bamako restera fermé cette semaine.

Il a aussi dit que tout était mis en oeuvre pour limiter les risques concernant les huit otages français détenus au Sahel par des islamistes. "Mais ce n'est pas en laissant le Mali devenir un sanctuaire terroriste que nous protègerons les otages."

François Hollande, qui se rend aux Emirats arabes unis mardi, tiendra mercredi un conseil de défense restreint après le conseil des ministres, a dit l'Elysée.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en déplacement à Caen, a pour sa part déclaré à la presse que l'intervention au Mali ferait l'objet d'un débat parlementaire. (Emmanuel Jarry avec Marine Pennetier, Julien Ponthus, Marc Parrad et Justyna Pawlak, édité par Sophie Louet)