Ce fonds de 133 millions d'euros sera notamment alimenté par les grands groupes de la filière nucléaire, tels qu'EDF et Areva, et à hauteur de 50 millions par la nouvelle Banque publique d'investissement (BPI), à travers le Fonds stratégique d'investissement (FSI).

"C'est un des actes concrets de la solidarité, les grands donneurs d'ordre se rassemblent (...) pour prendre des participations de long terme, recapitalisant des PME du secteur pour se projeter à l'export", a expliqué lors d'une conférence de presse le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.

Le fonds permettra notamment la création d'une plate-forme technique commune, ainsi qu'un financement et des recrutements en commun.

La filière nucléaire a également mis au point avec les représentants des salariés un cahier des charges social applicable aux services et travaux réalisés par des sous-traitants sur les sites nucléaires.

En déplacement chez la filiale de Vallourec Valinox nucléaire, entreprise bourguignonne florissante spécialisée dans la production de tubes pour centrales nucléaires, le ministre a salué une filière en pleine croissance.

"Le nucléaire est une filière qui embauche, qui voit clair, qui améliore ses instruments de production. Nous construisons pierre après pierre une équipe de France du nucléaire sur l'exportation, sur la recherche et développement, sur la formation, sur les projets de recrutement, sur les questions sociales et de sureté", a-t-il dit.

"Cette filière est une force considérable", a-t-il poursuivi, soulignant qu'elle prévoyait 110.000 recrutements à horizon 2020 et que 12 métiers du secteur sur 16 étaient sous tension en termes de main d'oeuvre.

"PRÉSERVER LES OUTILS INDUSTRIELS"

"Quand on a des filières comme l'automobile qui perd des emplois avec des dégâts sociaux sur tout le territoire, on imagine avec le nucléaire des passerelles pour passer d'un métier à un autre en organisant la formation", a également dit Arnaud Montebourg.

"On fait face à une vague de licenciements, on essaie par tous les moyens de limiter les dégâts humains et de préserver les outils industriels. C'est un combat difficile."

Arnaud Montebourg a aussi salué les performances de la filière française à l'export: "Il y a de nombreux prospects, nous sommes présents dans de nombreux appels d'offres malgré une intensification de la concurrence."

Delphine Batho, ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, également présente, a pour sa part décrit "une évolution très claire vers une évolution de notre mixte énergétique, dans lequel le nucléaire continuera d'occuper une part très importante, ce qui nécessite de garder une filière d'excellence très importante, pour la valoriser à l'export".

Le lancement d'un fonds de modernisation des entreprises nucléaires intervient alors que François Hollande souhaite de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité française d'ici 2025 et qu'il s'est engagé à fermer d'ici fin 2016 la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), un projet qui se heurte notamment à l'opposition des syndicats.

LE PDG D'EDF FUSTIGE LES AMBITIONS DE VEOLIA

Evoquant "un enjeu considérable pour la France en terme d'exportation", le patron d'EDF, Henri Proglio, a de son côté cité la Grande-Bretagne, la Pologne, la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil, la Turquie, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis comme marchés potentiels.

Henri Proglio a indiqué à Reuters que le chinois CGNPC n'était pas le seul partenaire identifié pour de nouveaux projets nucléaires au Royaume-Uni: "Si cette filière est rentable, il n'y a pas que les Chinois qui seront intéressés par les investissements."

Le PDG d'EDF, ancien patron de Veolia Environnement, a en outre qualifié de "marginal, dérisoire et irresponsable" le développement par son ancien employeur d'une activité de démantèlement de sites nucléaires.

L'actuel PDG de Veolia, Antoine Frérot, avec lequel Henri Proglio est en conflit ouvert depuis plus d'un an, a de son côté déclaré mi-janvier que son groupe souhaitait jouer "un rôle d'ensemblier et d'intégrateur" de la filière d'assainissement et de démantèlement des installations nucléaires et qu'il ne serait pas en concurrence frontale avec EDF et Areva.

La filière nucléaire française comprend 2.500 entreprises, réalise un chiffre d'affaires global de 46 milliards d'euros et une activité à l'export pour 70% de ses entreprises.

Ses investissements en Recherche et Développement la placent au quatrième rang des industries innovantes. Elle emploie 220.000 salariés directs.

Catherine Lagrange, avec Benjamin Mallet à Paris, édité par Jean-Michel Bélot

par Catherine Lagrange