par Mark Felsenthal

Le taux des Fed funds a ainsi été maintenu dans une fourchette de 0% à 0,25%, dont il n'a plus bougé depuis décembre 2008.

Dans son communiqué publié à l'issue d'une réunion de deux jours, la banque centrale revoit à la baisse son évaluation du rythme de la reprise, décelant des poches de faiblesse.

Elle se montre également circonspecte au sujet de la volatilité des marchés financiers, au vu de la crise de la dette en Europe. Mais elle affirme toujours que l'économie émergera peu à peu de la pire des récessions qu'elle ait connue depuis des décennies.

"Les conditions financières soutiennent moins la croissance économique dans l'ensemble, ce qui reflète pour l'essentiel ce qui se passe à l'étranger", explique la Fed dans son communiqué.

La Bourse et le dollar ont accru leurs pertes après la publication du communiqué de la Fed, tandis que le marché obligataire a monté.

"La Fed se préoccupe des menaces contre la croissance et pas des menaces d'inflation; il y a là de quoi rester en statu quo indéfiniment", commente Michael Woolfolk (BNY Mellon).

Le président de la Fed de Kansas City Thomas Hoenig a exprimé son désaccord pour la quatrième fois consécutive, jugeant que l'engagement de la Fed à maintenir des taux ultra-bas longtemps risquait de perpétuer un cycle où alternent phases de forte croissance et phases de dépression.

"UN BON BOUT DE TEMPS"

La Fed constate aussi que la reprise économique est en cours, ce qui est en deçà de ce qu'elle observait en avril, lorsqu'elle affirmait que l'économie continuait de se renforcer.

Les autorités monétaires ont aussi pris acte d'un ralentissement devenu évident dans l'immobilier. En avril, elles notaient que les mises en chantier se redressaient. Ce mercredi, elles se contentent de dire que ces mises en chantier "restent à un niveau déprimé".

Quant aux dépenses de consommation, l'institut d'émission dit qu'elles "augmentent mais restent freinées par un chômage élevé, une croissance des revenus modeste et une diminution de la richesse patrimoniale". En avril, la Fed avait fait mention d'une accélération de ces dépenses.

La Fed observe aussi un récent tassement de l'inflation, citant une baisse des prix de l'énergie et d'autres ressources.

La plupart des économistes pensent que le prochain mouvement sur les taux d'intérêt sera une hausse mais certains d'entre eux disent que la banque centrale devrait songer à d'autres moyens de doper la croissance et le crédit.

Le recul sans précédent des ventes de logements neufs en mai - une statistique publiée ce mercredi - réduit à peu les espoirs d'une reprise rapide de la croissance.

A quoi il faut ajouter les troubles de la dette en Europe et des indicateurs de l'emploi eux aussi décevants.

Le président de la Fed Ben Bernanke a dit ce mois-ci à une commission du Congrès qu'à son sens l'économie avait fait sa transition vers la demande privée après une période de soutien apporté par l'Etat.

Il anticipe pour la première économie mondiale un taux de croissance annualisé de 3% cette année, avec une accélération en 2011. Mais il a également estimé qu'il faudrait "un bon bout de temps" pour restaurer les près de 8,5 millions d'emplois perdus de 2008 à 2009.

Mais pour Thomas Hoening, la reprise est suffisamment forte et les risques d'inflation induits par la politique ultra-accommodante de la Fed sont suffisamment sérieux pour envisager de relever les taux bientôt.

Wilfrid Exbrayat pour le service français