* Pyongyang dit avoir testé une bombe à hydrogène

* L'essai nucléaire le plus puissant réalisé par le pays

* Trump n'exclut pas l'option militaire

* Condamnations internationales contre la Corée du Nord

* Réunion lundi du Conseil de sécurité de l'Onu

par Jack Kim, Soyoung Kim et Steve Holland

SEOUL/WASHINGTON, 3 septembre (Reuters) - La Corée du Nord a procédé dimanche à un sixième essai nucléaire, son plus puissant à ce jour, ravivant de manière spectaculaire les tensions avec les Etats-Unis qui mettent en garde le régime de Pyongyang contre une "réaction militaire massive" de leur part en cas de menace.

L'initiative nord-coréenne a suscité de vives condamnations internationales mais aussi des appels à la retenue.

Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira lundi à 14h00 GMT à la demande des Etats-Unis, du Japon, de la Grande-Bretagne, de la France et de la Corée du Sud.

La Corée du Nord affirme avoir effectué sur ordre de son dirigeant Kim Jong-un et avec "une réussite parfaite" cet essai nucléaire ayant permis, selon elle, de tester de manière souterraine une bombe à hydrogène capable d'équiper un missile intercontinental.

Prié de dire si les Etats-Unis pourraient attaquer la Corée du Nord après cet essai, Donald Trump a répondu: "Nous allons voir".

Le président américain a en outre menacé de rompre les relations commerciales avec les pays faisant des affaires avec la Corée du Nord, dont le principal partenaire est la Chine.

Cette dernière a fermement condamné l'essai nucléaire nord-coréen et a exhorté Pyongyang à cesser ses "mauvaises" actions.

Donald Trump a réuni son conseil à la sécurité nationale à la Maison blanche.

S'exprimant à la sortie de cette réunion, son secrétaire à la Défense a menacé le régime nord-coréen d'une "réaction militaire massive" en cas d'attaque contre les Etats-Unis ou leurs alliés.

"Toute menace contre les Etats-Unis ou leurs territoires, y compris Guam, ou nos alliés sera suivie d'une réaction militaire massive, une réaction à la fois efficace et écrasante", a dit James Mattis, avec le chef d'état-major de l'armée américaine, Joseph Dunford, à ses côtés.

SECOUSSE DE MAGNITUDE 6,3

Les Etats-Unis ne cherchent pas "l'anéantissement total d'un pays, à savoir la Corée du Nord", a-t-il ajouté. "Mais comme je l'ai dit, nous disposons de nombreuses options pour le faire."

La Corée du Nord est soumise à des sanctions de l'Onu en raison de la poursuite de ses programmes balistique et nucléaire.

Les tensions avec les Etats-Unis ont franchi un nouveau palier en juillet lorsqu'elle a tiré deux missiles intercontinentaux, dont la portée d'environ 10.000 km place le territoire américain sous la menace théorique d'une frappe nord-coréenne.

Ces tirs lui ont valu de nouvelles sanctions onusiennes votées à l'unanimité du Conseil de sécurité et Donald Trump a alors promis au régime nord-coréen "le feu et la fureur" s'il continuait de menacer les Etats-Unis.

Il est difficile de vérifier l'exactitude des déclarations de Pyongyang au sujet de l'essai de dimanche mais les experts ayant étudié les données relevées par les instituts de sismologie pensent que le tremblement de terre enregistré près du site, de magnitude 6,3 selon l'agence américaine de géologie, peut indiquer que le régime nord-coréen a effectivement mis au point une bombe H ou est proche de le faire.

Des responsables japonais et sud-coréens ont dit que la secousse était environ 10 fois plus forte que lors du précédent essai nucléaire nord-coréen en 2016.

Un responsable des services de renseignement américain a dit que les Etats-Unis n'avaient aucune raison de douter du fait que la Corée du Nord avait testé un engin nucléaire perfectionné.

TRUMP S'EN PREND AUSSI À SÉOUL ET À PÉKIN

Donald Trump s'en est aussi pris sur Twitter à la Corée du Sud, pourtant alliée des Etats-Unis mais dont les tentatives d'apaisement vis-à-vis de sa voisine du Nord n'ont, selon lui, servi à rien.

Il a aussi adressé des reproches à la Chine, "qui s'efforce d'aider mais avec peu de réussite".

Sa menace de rétorsion commerciale contre les pays traitant économiquement avec la Corée du Nord semble viser directement Pékin.

Matthew Goodman, spécialiste des questions commerciales au Center for International and Strategic Studies à Washington, juge cette menace "absurde" car impossible à mettre en oeuvre.

Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine, qui se sont entretenus lors d'un sommet du groupe des BRICS en Chine, ont tous deux exprimé leur souhait de "répondre de manière appropriée" à l'essai nucléaire nord-coréen, a fait savoir l'agence officielle Chine nouvelle.

La Russie s'est dite disposée à participer à des discussions pour résoudre la crise tout en jugeant que, jusqu'à présent, "les sanctions imposées n'ont pas produit de résultat positif".

"Vladimir Poutine a déclaré que la communauté internationale devrait éviter de se laisser submerger par l'émotion, qu'elle devrait agir avec calme et prudence. Il a aussi souligné qu'un règlement élaboré des problèmes nucléaires et autres sur la péninsule coréenne pouvait être uniquement atteint par des moyens politiques et diplomatiques", a dit le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov. (Avec Elaine Lies, Kiyoshi Takenaka, Tim Kelly, Takaya Yamaguchi et Nobuhiro Kubo à Tokyo, Jane Chung, Yuna Park, Ju-min Park et James Pearson à Séoul, Sue-Lin Wong à Yanji, David Brunnstrom et Jonathan Landay à Washington et Shadia Nasralla à Vienne; Jean-Stéphane Brosse, Pierre Sérisier, Simon Carraud et Bertrand Boucey pour le service français)