La plupart du temps, la bourse évolue en pente douce haussière et les blocs régionaux fonctionnent de façon assez homogène. Sur les marchés occidentaux par exemple, tout le monde a progressé au cours des 30 dernières années, tout le monde a subi le plop de la bulle internet, le flop de la crise des subprimes ou le pop du krach / rebond express du covid. Ça, c'est pour le tableau global. En zoomant, l'image montre davantage de granularité. Les marchés américains riches en valeurs technologiques font généralement mieux que la moyenne. Le FTSE 100 britannique est à la traîne depuis le Brexit. L'ATHEX grec affiche les meilleures performances européennes depuis deux ans, mais perd toujours 50% par rapport à 2009 à cause de la crise de la dette qui a frappé le pays.

Ainsi, et c'est logique, les investisseurs se demandent si les remous politiques en France sont susceptibles de constituer un "cygne noir" pour l'hexagone. Ce terme est régulièrement utilisé en finance depuis qu'il a été (re)mis au goût du jour par Nassim Taleb en 2001. Il s'agit d'un événement imprévisible ou considéré comme étant très peu susceptible de se produire, qui a des conséquences majeures et souvent sévères.

A ce stade, tout le monde en est réduit à tirer des plans sur la comète. Donc en attendant d'y voir plus clair, les investisseurs appliquent une prime de risque additionnelle à la France et réduisent leur exposition. D'où la forte contraction du CAC40 la semaine dernière : -6,3% en cinq séances. Une telle baisse hebdomadaire est rare. J'ai recensé à l'ancienne sur un graphique deux séquences plus rudes sur les quatre dernières années :

  • Un -10,2% sur la semaine du 28 février 2022, qui correspondait à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine et à son corollaire, la flambée des prix de l'énergie.
  • Un -6,4% la semaine du 26 octobre 2020, après qu'Emmanuel Macron (encore lui !) a annoncé un second confinement lié au covid.

La baisse de plus de 6% enregistrée la semaine dernière en France après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale est donc un événement majeur. Va-t-il se transformer en quelque chose de pire pour le marché parisien ? La réponse reste en suspens. Pour l'heure, la tectonique des pronostics s'est mise en place et le principe de précaution a valu une contraction globale des indices français, qui s'est propagée à d'autres pays (les indices du Sud étant plus affectés que les indices du Nord de l'Europe). Des secteurs ont été plus affectés : la banque, qui pâtirait d'une dégradation globale des conditions économiques et financières (-12% sur la semaine en France). Les concessions et les services collectifs (-11% sur la semaine en France), que les financiers savent pénalisés par des politiques jacobines, qu'elles soient de gauche ou d'extrême droite. La pression devrait rester forte jusqu'au verdict du premier tour des élections législatives anticipées, à la fin du mois.

Pendant ce temps, les Etats-Unis continuent leur ascension. Enfin, pour être plus clair, les grandes valeurs technologiques américaines continuent leur ascension. Le Nasdaq 100 a gagné 0,4% vendredi pour signer un nouveau record, et 3,5% sur la semaine. Dans le même temps, le Dow Jones et le Russell 2000 des petites et moyennes entreprises américaines ont perdu du terrain sur cinq séances. On reste dans un schéma où les têtes de gondole raflent la mise, pendant que le reste de la cote cahote. Etonnant, dans un contexte où la banque centrale américaine a confirmé que le cycle de baisse de taux démarrera cette année. Peut-être que Wall Street a finalement arrêté de surjouer l'assouplissement de la politique monétaire et attend de voir pour croire. En attendant, les grosses plateformes se goinfrent : après des gains compris entre 4 et 9% la semaine dernière, Microsoft, Apple et Nvidia se tiennent dans un mouchoir de poche autour de 3 300 milliards de dollars de capitalisation chacune. Ce nouveau triumvirat a largement creusé l'écart avec Amazon, Alphabet et Meta. Mais les six dossiers ont nettement progressé depuis le 1er janvier, écrasant tout sur leur passage.

Parmi les actualités du weekend :

  • En Chine, les ventes de détail de mai étaient un peu plus robustes que prévu, mais la hausse de la production industrielle a déçu les attentes. Toujours la même rengaine : des hauts et des bas, mais pas d'accélération franche.
  • Le sommet sur l'Ukraine tenu en Suisse a abouti à une déclaration soutenant l'indépendance et la souveraineté territoriale de l'Ukraine et la nécessité d'arriver à la paix avec la Russie. Environ 80 pays l'ont signée, mais pas l'Inde ou le Brésil. La Chine et la Russie n'ont pas voulu y participer.
  • Sur l'agenda hebdomadaire, peu d'événements majeurs, même si la seconde lecture de l'inflation européenne de mai suscitera l'intérêt. En revanche, de nombreux banquiers centraux américains donneront leur avis sur l'évolution des taux, ce qui promet quelques poussées de volatilité.
  • Les marchés de Singapour, d'Inde et d'Indonésie sont fermés aujourd'hui pour cause de jour férié.

En Asie-Pacifique, la semaine démarre en vive baisse à Tokyo où le Nikkei 225 cède 1,9% en fin de parcours. Les indices chinois évoluent autour de l'équilibre à Hong Kong et à Shanghai. La Corée du Sud (-0,5%) et l'Australie (-0,2%) perdent un peu de terrain. Les indicateurs avancés européens devraient tenter un rebond à l'ouverture, mais les marchés restent nerveux.

Le CAC40 reprend 0,5% à 7539 points à l'ouverture. Le SMI est stable à 12 042 points. Le Bel20 gagne 0,2% à 3838 points.

Les temps forts économiques du jour

Les coûts de main d'œuvre dans la zone euro (11h00) et l'indice Empire Manufacturing aux Etats-Unis (14h30) feront l'actualité. Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,070 USD. L'once d'or se négocie à 2323 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 82,30 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,72 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est stable à 4,24%. Le bitcoin s'échange à 66 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas Ag : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 240 à 250 EUR.
  • ASM International : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 740 à 815 EUR.
  • ASML Holding : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 1075 à 1185 EUR.
  • Aston Martin Lagonda : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 275 à 250 GBX.
  • Basf : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 48 à 47 EUR.
  • BE Semiconductor Industries : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 160 à 183 EUR.
  • Covivio : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 50 à 57 EUR.
  • Crest Nicholson Holdings Plc : Peel Hunt améliore son conseil de conserver à accumuler avec un objectif de cours relevé de 220 GBX à 260 GBX.
  • Greggs Plc : Peel Hunt maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 2500 à 2700 GBX.
  • Hugo Boss Ag : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 64 à 60 EUR.
  • Logitech International S.a. : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 97 à 105 CHF.
  • Nel Asa : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 12,60 à 8 NOK.
  • Pennon Group Plc : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 820 à 770 GBX.
  • Prosus : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 42,50 à 44,50 EUR.
  • Rémy Cointreau : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 90 à 83 EUR.
  • SBM Offshore : AlphaValue/Baader Europe dégrade son conseil d'achat à accumuler avec un objectif de cours réduit de 22,60 à 16,50 EUR.
  • SSP Group Plc : Goldman Sachs dégrade son conseil de neutre à vendre avec un objectif de cours réduit de 255 GBX à 160 GBX.
  • TotalEnergies : Santander passe de neutre à surperformance en visant 72 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'armée française passe une commande de munitions à Thales. Par ailleurs, Thales et le CEA signent un partenariat sur l'IA générative et le groupe vent un radar dernier cri au Brésil.
  • Alstom décroche un contrat de 430 millions d'euros au Royaume-Uni.
  • Vallourec remporte un nouveau contrat de 5 ans avec Equinor.
  • Emesa ne siègera plus au conseil d'administration d'Elior.
  • Casino regroupe ses actions à raison de 100 pour 1.
  • Eagle Football Group boucle la cession de l'intégralité de sa participation dans la franchise américaine Seattle Reign FC.
  • L'initiateur de l'OPA amicale sur Believe détient 85% du capital.
  • Innate et Sanofi ont obtenu de nouveaux résultats d’efficacité et de tolérance positif lors d'une étude de phase I/II avec SAR443579/IPH6101.
  • Valorem a coulé la première fondation d'éolienne avec du béton décarboné 0% clinker d'Hoffmann Green Cement.
  • Néovacs signe un accord de collaboration avec le CNRS sur la mise au point de nouvelles formulations lipidiques permettant de délivrer des ARNm.
  • Metavisio lève 0,6 M€ auprès de deux fonds et signe une ligne de financement en fonds propres avec Global Tech Opportunities.
  • Les principales publications du jour : Groupe LDLC, Oeneo...

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

D'Europe

  • Sampo s'offre Topdanmark à 366,38 DKK l'action.
  • ING Groep vise une croissance annuelle du revenu de 4% à5 % entre 2024 et 2027.
  • Adidas enquête sur des allégations d'une vaste corruption en Chine.
  • Banco de Sabadell reporte la conclusion de la vente de ses actifs de paiement à Nexi après l'offre de BBVA.
  • Essity revoit ses objectifs financiers suite à la cession de Vinda.
  • Nestlé arrête une partie de sa production de Perrier pour maintenance.
  • AstraZeneca obtient des résultats positifs aux tests de dépistage du cancer pour Calquence.
  • La Serbie s'apprête à donner son feu vert à la mine de lithium de Rio Tinto, selon le FT.
  • Pierer Mobility révise ses objectifs pour 2024 à la baisse.
  • Les principales publications du jour : Hennes & Mauritz

Des Amériques

  • Google perd sa tentative de mettre fin à la procédure antitrust engagée aux États-Unis sur la publicité numérique.
  • Apple et Meta devraient être inculpés par l'UE dans le cadre des règles sur les plateformes technologiques.
  • L'activiste Starboard Value prend une participation d'environ 500 millions de dollars dans Autodesk, selon le WSJ.
  • Les principales publications du jour : Lennar

Du reste du globe

  • Reinold Geiger, le patron de L'Occitane International, propose une offre alternative en actions nouvelles aux actionnaires minoritaires, s'ils la préfèrent à l'offre à 34 HKD en numéraire.
  • Hyundai dépose un dossier d'entrée en Bourse de sa filiale indienne.
  • Infratil lève 704 millions de dollars pour financer des investissements dans des centres de données.
  • Les principales publications du jour : néant…

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures