par Huw Jones

LONDRES, 17 juin (Reuters) - Les règles introduites après la crise de 2008 visant à assurer la stabilité du secteur bancaire doivent être étendues aux acteurs de la "finance parallèle" qui offrent des crédits et aux fintechs, estime la Banque des règlements internationaux (BRI).

L'introduction d'une politique "macroprudentielle" obligeant les banques à se constituer des réserves de fonds propres contracycliques en cas d'emballement du marché du crédit est une innovation majeure de l'ère de la crise.

Dans son rapport annuel publié dimanche, la BRI estime néanmoins que les outils macroprudentiels actuels pourraient ne pas être suffisamment efficaces pour faire face aux risques posés par les autres acteurs financiers, comme les gestionnaires d'actifs.

Certains relèvent de la finance parallèle parce qu'ils pratiquent également le crédit, une activité qui a prospéré depuis la crise à mesure que les banques, plus sévèrement réglementées, ont réduit leur offre pour alléger leurs charges en capital.

Le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board, FSB), basé à Bâle dans les locaux de la BRI, avait estimé en mars que les activités des acteurs de la finance parallèle comme les fonds monétaires, les fonds obligataires et les fonds d'investissement activistes avaient progressé de 7,6% en 2016, à 45.200 milliards de dollars (38.960 milliards d'euros).

Le développement des fintechs et l'utilisation d'applications sur les smartphones destinées à des services financiers, tels que les paiements, pourraient également changer la nature du risque ou exiger un nouvel arsenal d'outils macroprudentiels, estime la BRI.

Selon elle, la réglementation actuelle de la gestion d'actifs est principalement axée sur la solidité des fonds individuels et la protection des consommateurs et n'a pas intégré pleinement la façon dont les agissements d'un seul fonds pourraient affecter les autres.

"La perspective macroprudentielle devrait être étendue aux fonds de gestion d'actifs pour répondre à ces préoccupations", estime la banque.

Certains régulateurs nationaux ont déjà pris des mesures en conséquence.

Les règles introduites en janvier 2017 par la Securities and Exchange Commission américaine exigent ainsi que certains fonds communs de placement disposent de suffisamment de liquidités pour faire face à une augmentation soudaine des demandes de remboursements. La Banque du Mexique et le régulateur français ont également pris des dispositions.

Mais une coopération étroite est nécessaire entre les régulateurs et les banques centrales pour faire face aux risques pour le système financier au sens large, ajoute la BRI.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Yann Le Guernigou)