Francfort (awp/afp) - La Banque centrale européenne a fait état jeudi d'une baisse de l'intensité en carbone de ses portefeuilles en obligations d'entreprises, dans son premier exercice de transparence depuis que l'institution a annoncé vouloir verdir sa politique monétaire.

Les obligations d'entreprises liées aux rachats d'actifs destinés à soutenir l'économie, en particulier pendant la pandémie de Covid-19, "sont sur la voie de la décarbonation", selon un communiqué.

Alors que la taille de ce portefeuille a été multipliée par 2,2 entre 2018 et 2022, passant de 173 milliards à 385,2 milliards d'euros, les émissions de carbone liées à cette dette n'ont pas augmenté proportionnellement, progressant de 62% pendant la même période.

En d'autres termes l'empreinte carbone des émetteurs a progressivement diminué, de 30%, ce que la BCE explique notamment par les efforts des entreprises pour "réduire considérablement leurs émissions et améliorer leur efficacité carbone".

De plus, la BCE a commencé depuis octobre à rebattre les cartes de son portefeuille de dette d'entreprise en privilégiant les émetteurs affichant une meilleure performance climatique.

Depuis mars, elle a commencé à réduire de 15 milliards d'euros en moyenne par mois le stock de dette privée et publique accumulée durant les années où l'institution a massivement soutenu l'économie.

Ce premier rapport sur l'empreinte carbone du portefeuille de l'institution fait partie des "efforts pour contribuer à la lutte contre le changement climatique", a commenté la présidente Christine Lagarde.

La BCE entend publier des comptes-rendus réguliers sur l'évolution de ses actifs "verts".

Dans un rapport séparé, l'institution révèle qu'elle a fait baisser de 50% le poids carbone de son portefeuille d'obligations détenues au sein d'un fonds de pension gérant la retraite pour ses propres salariés, lourd de 1,8 milliards d'euros.

Elle a par ailleurs fait monter de 1 à 13% depuis 2019 la part des "obligations vertes" dans son portefeuille d'obligations géré pour ses besoins propres, pesant lui 21,1 milliards d'euros. Cette part doit monter à 15% cette année.

L'ONG Positive Money Europe met cependant en garde l'institution, se disant "inquiète de voir que la stratégie de resserrement actuelle de la BCE augmente de manière disproportionnée le coût des investissements verts".

"La BCE doit également se concentrer sur la conception de politiques monétaires qui soutiennent la transition verte, par exemple en mettant en oeuvre des programmes de prêts verts ciblés", a indiqué à l'AFP son directeur Stanislas Jourdan.

afp/buc