par Balazs Koranyi et Francesco Canepa

FRANCFORT, 4 mai (Reuters) - La Banque centrale européenne a relevé jeudi ses taux d'intérêt de 25 points de base, une hausse de moindre ampleur que les précédentes, et a annoncé qu'elle cesserait de réinvestir les liquidités issues des échéances de titres acquis dans le cadre de l'APP à partir de juillet.

Le taux de dépôt de la banque centrale, celui auquel elle rémunère les dépôts des banques auprès d'elle, est désormais à 3,25% alors qu'il était négatif au printemps 2022.

Cette décision porte à 375 points de base au total la hausse des taux dans la zone euro depuis juillet dernier, un resserrement sans précédent dans l'histoire de la monnaie unique justifié par la lutte contre l'envolée des prix.

La banque n'a pas donné d'indication sur ces prochaines initiatives.

"Les décisions futures du Conseil des gouverneurs feront en sorte que les taux directeurs soient fixés à des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer un retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif de 2% à moyen terme", peut-on lire dans un communiqué.

Les décisions sur les taux resteront basées sur l'évaluation "des perspectives d'inflation compte tenu des données économiques et financières, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire", a ajouté la BCE.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, doit commenter ces décisions lors d'une conférence de presse à partir de 12h45 GMT.

Plaidant en faveur d'une hausse de taux plus modérée, le produit intérieur brut de la zone euro a à peine augmenté au premier trimestre et les banques ont durci l'accès au crédit, ce qui augmente le risque d'un véritable "credit crunch" et d'un ralentissement encore plus important de la croissance.

L'inflation sous-jacente a également

décéléré

le mois dernier, à 7,3% sur un an.

La plupart des grandes banques centrales freinent désormais le resserrement de leur politique monétaire, avec des hausses limitées à 25 points de base, et la

Réserve fédérale

américaine a même ouvert la voie mercredi à une possible pause du cycle.

"Les informations disponibles confirment globalement l'évaluation des perspectives d'inflation à moyen terme établie par le Conseil des gouverneurs lors de sa dernière réunion", a déclaré l'institution.

Mais à l'instar d'autres instituts d'émission, dont la Banque d'Angleterre, la BCE n'en a sans doute pas fini avec l'augmentation des coûts d'emprunt car l'inflation pourrait mettre des années à revenir à son objectif de 2%.

Bien que l'inflation ait fortement diminué depuis l'automne dernier, les tensions sous-jacentes demeurent, ce qui suggère que la croissance des prix pourrait se stabiliser au-dessus de l'objectif.

Ces risques sont exacerbés par des tensions sur le marché du travail, d'autant plus que la croissance salariale a été plus forte qu'attendu et que le taux de chômage est tombé à un niveau historiquement bas malgré un climat proche de la récession.

(Reportage Balazs Koranyi et Francesco Canepa, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)