par Krista Hughes et Sakari Suoninen

La reprise, a déclaré le président de la BCE Jean-Claude Trichet lors de la conférence de presse qui a suivi la décision du statu quo monétaire, se fera à un "rythme modéré" et pour l'instant, c'est encore l'incertitude qui prévaut.

"Nous devons rester prudents. Nous ne crions pas victoire", a déclaré le président de la BCE tout en soulignant que la BCE n'avait pas prévu un scénario de rechute en récession. Ses services ont d'ailleurs relevé à la hausse la fourchette de leurs prévisions de croissance pour 2010 et 2011.

Le BCE a ainsi confirmé son engagement de fournir des financements illimités à une semaine et à un mois au moins jusqu'au 18 janvier, maintenant ainsi l'offre de liquidité jusqu'à la période de fin d'année qui est généralement tendue, ce qui devrait maintenir les taux d'intérêt du marché à un niveau bas.

La banque centrale des 16 pays de la zone euro offrira aussi des fonds illimités lors de ses appels d'offres à trois mois au moins jusqu'à la fin de l'année. Le coût ne sera pas à taux fixe mais indexé sur le taux de la BCE.

Jean-Claude Trichet a démenti que cela soit le signal d'un changement imminent du niveau des taux directeurs.

"Il n'y a absolument aucun signal de politique monétaire dans cette décision technique. Je suis absolument clair: le conseil des gouverneurs n'a pas l'intention de signaler le moindre changement dans le niveau des taux d'intérêt actuel."

En général, les économistes n'attendent pas de relèvement du coût du crédit avant le quatrième trimestre 2011.

PRÉVISIONS DE CROISSANCE RELEVÉES

La totalité des 78 économistes interrogés par Reuters avaient prévu que les taux seraient maintenus. Le principal d'entre eux, le taux de refinancement, reste au plus bas record de 1% pour le 16e mois d'affilée.

Le taux de facilité de dépôt demeure à 0,25% et celui de la facilité de prêt marginal à 1,75%.

Les anticipations de maintien d'une liquidité suffisante par la BCE ont fait reculer les taux d'intérêt pratiqués sur le marché sur le mois écoulé, mais les volumes traités sur le marché monétaire au jour le jour ont baissé en août.

De nombreuses banques continuent à préférer déposer leur fonds excédentaires auprès de la BCE plutôt que les prêter à leurs homologues.

Les banques vont aussi se retrouver face à un problème de liquidité fin septembre lors du remboursement d'un total de 225 milliards d'euros à trois, six et 12 mois à moins de le reporter sur des échéances plus courtes.

Dans ce contexte de reprise fragile et inégale suivant les pays de la zone euro - l'Allemagne connaît une croissance soutenue, la Grèce est encore en récession - les services de la BCE n'en ont pas moins relevé leurs prévisions de croissance pour 2010 de 2011. Ils tablent désormais sur une croissance comprise entre 1,4% et 1,8% cette année, au lieu de 0,7% à 1,3% en juin.

Pour 2011, leurs prévisions vont de 0,5% à 2,3% au lieu de 0,2-2,2% en juin.

Ces prévisions trimestrielles montrent aussi que l'inflation reste maîtrisée. Elle ne devrait pas dépasser 1,5% à 1,7% en 2010 et 1,2% à 2,2% en 2011.

L'inflation dans la zone euro a ralenti à 1,6% le mois dernier, avec toutefois certains signes de tension. Par exemple, le puissant syndicat de la sidérurgie allemande réclame une augmentation des salaires de 6%.

Danielle Rouquié pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat