Richard Barley,

The Wall Street Journal

LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Aussi délicate soit elle, une conversation ne peut être reportée indéfiniment.

La Banque centrale européenne (BCE) a mis l'accent sur la constance et la patience nécessaires en matière de politique monétaire. Mais la trajectoire de ses rachats d'actifs n'étant définie que jusqu'en décembre, la pression monte pour que l'institution dévoile ses projets pour 2018.

L'appréciation de l'euro constitue le principal écueil pour la BCE. La vigueur de la devise devrait peser sur les nouvelles prévisions d'inflation de la banque centrale, ce qui rend plus ardue sa communication au sujet de la politique monétaire. De nombreuses autres évolutions, cependant, suggèrent que la zone euro n'a plus besoin du soutien apporté ces dernières années par la BCE.

Des conditions favorables

La croissance économique demeure robuste et les conditions financières ne sont pas tendues, malgré l'appréciation de l'euro. L'actualité est même prometteuse sur le plan politique, avec notamment un ambitieux projet de réforme du droit du travail en France qui répond précisément aux attentes de la BCE.

Néanmoins, le compte rendu de la réunion de juillet de la BCE a mis en évidence l'attention que le conseil des gouverneurs porte à la sensibilité des marchés financiers à la moindre évolution de sa communication. Et ces temps-ci, même le silence peut perturber les marchés. Le président de la BCE, Mario Draghi, s'est abstenu d'évoquer la politique monétaire lors de son très attendu discours de Jackson Hole en août, mais cela n'a pas empêché l'euro de dépasser, après son intervention, le seuil de 1,20 dollar pour la première fois depuis plus de deux ans.

Gare à un excès de patience

La patience en matière de politique monétaire peut également comporter des risques. Si la hausse de l'euro a retenu l'attention des investisseurs, d'autres marchés ont été beaucoup plus calmes pendant l'été. A 0,38%, le rendement du Bund allemand à dix ans s'est éloigné de ses points haut de l'année 2017, une situation qui peut sembler étrange dans le contexte d'appréciation de la monnaie unique. Un mouvement de panique sur les marchés obligataires n'est toutefois pas exclu, et une BCE qui apparaîtrait démesurément prudente à ce stade pourrait augurer des difficultés à l'avenir.

La banque centrale pourrait encore chercher à gagner du temps en septembre, mais ne ferait ainsi que reporter les attentes sur octobre. La trêve sur les marchés obligataires ne pourra pas durer éternellement.

-Richard Barley, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck) ed: ECH