Après que la BCE ait prolongé ses mesures de soutien seulement en décembre, un changement de politique n'était pas attendu à l'ordre du jour. Mais l'inflation obstinément élevée - qui a atteint 5,1 % le mois dernier dans les 19 pays de la zone euro - complique la vie de la banque et la présidente de la BCE, Christine Lagarde, sera sous pression pour aborder la question lors de sa conférence de presse de 13h30 GMT.

N'apportant que le plus petit changement à son communiqué, la BCE a supprimé une clause stipulant que sa prochaine mesure de politique monétaire pourrait être dans "l'une ou l'autre direction".

"Le Conseil des gouverneurs est prêt à ajuster tous ses instruments, le cas échéant, afin de garantir que l'inflation se stabilise à son objectif de 2 % à moyen terme", a déclaré la BCE.

"La flexibilité restera un élément de la politique monétaire chaque fois que des menaces sur la transmission de la politique monétaire compromettront la réalisation de la stabilité des prix", a-t-elle ajouté.

La BCE a longtemps soutenu que l'inflation allait bientôt diminuer sans son intervention et tomber en fait sous son objectif de 2 % d'ici la fin de l'année, de sorte que retirer son soutien maintenant serait contre-productif.

Mais un nombre croissant de décideurs politiques remettent en question ce récit, d'autant plus que la BCE a constamment sous-estimé la flambée actuelle, ce qui l'a obligée à réviser ses prévisions à plusieurs reprises.

Les marchés doutent déjà des projections de la BCE et évaluent à 28 points de base les hausses de taux cette année, bien que la banque insiste sur le fait que tout mouvement en 2022 est très improbable.

Le problème est que l'inflation devrait tomber en dessous de son objectif de 2 % en 2023 et 2024, de sorte que même une petite augmentation de la trajectoire de l'inflation pourrait ramener la croissance des prix dans la bonne direction, réduisant ainsi le besoin de mesures de stimulation.

Lors de sa conférence de presse, Mme Lagarde pourrait proposer un clin d'œil aux risques d'inflation tout en soulignant que le scénario de base reste un net ralentissement de la croissance des prix en fin d'année, alors que la croissance des salaires dans la zone euro reste modérée et que les facteurs ponctuels s'estompent.

Il est également presque certain qu'elle répétera qu'un mouvement de taux cette année est très improbable, même si des pairs mondiaux comme la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre https://www.reuters.com/business/bank-england-hikes-rates-clamour-contain-spiralling-inflation-2022-02-03/#:~:text=LONDRES%2C%20Feb%203%20(Reuters),inflation%20will%20soon%20top%207%25 resserrent leur politique.

Les observateurs de la BCE avancent néanmoins leurs prévisions de hausse des taux, beaucoup s'attendant désormais à un premier mouvement au début de 2023 plutôt qu'à la fin de l'année prochaine.

Avec la décision de jeudi, le taux de dépôt de la BCE reste à un niveau record de -0,5 % et la banque est en bonne voie pour supprimer progressivement son programme d'achat d'obligations d'urgence en cas de pandémie de 1,85 trillion d'euros d'ici la fin mars.