(Actualisé avec opposant à Paris et Fabius, § 6-7-8-9-13-14)

par Tom Perry et John Irish

BEYROUTH/PARIS, 8 janvier (Reuters) - Des rebelles et opposants syriens se sont plaints vendredi de subir des pressions internationales pour consentir à des concessions qui ne feraient, selon eux, que prolonger la guerre dans leur pays, alors que l'Onu espère organiser à partir du 25 janvier à Genève de nouvelles négociations de paix.

Riyad Hijab, coordinateur général de la Commission suprême pour les négociations créée à la suite d'une conférence de l'opposition syrienne en décembre à Ryad, et d'autres chefs de file de la rébellion ont rencontré cette semaine l'émissaire de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura.

Cette Commission suprême subit des pressions "afin de faire des concessions qui prolongeront les souffrances de notre peuple et l'effusion de sang", écrivent plusieurs groupes rebelles dans un communiqué diffusé vendredi.

Dans ce communiqué, ces groupes d'opposition, dont certains sont représentés au sein de la Commission suprême, soulignent qu'ils refuseront toute concession "contraire aux principes de (notre) révolution" et dénoncent une "connivence internationale" contre cette révolution.

Lors de leur rencontre avec Staffan de Mistura, les opposants ont demandé en préalable aux négociations des gestes de bonne volonté de la part du gouvernement de Damas, notamment la fin des bombardements sur les zones civiles, la levée du blocus de secteurs tenus par les rebelles et la libération de prisonniers.

DISCUSSIONS À PARIS

Ancien Premier ministre sous Assad, Riyad Hijab, qui a fait défection en 2012, est attendu lundi à Paris pour des entretiens avec le président François Hollande et son chef de la diplomatie, Laurent Fabius. Il se rendra ensuite à Berlin, où il est attendu mercredi.

"La France a toujours eu la politique la plus avancée vis-à-vis de la Syrie. On a les meilleures relations surtout politiques avec la France", a déclaré vendredi Monzer Makhous, représentant de l'opposition syrienne à Paris.

La venue d'Hijab, dit-on au Quai d'Orsay, doit permettre de coordonner les positions avant l'ouverture des négociations théoriquement programmée le 25 janvier.

"Nous poursuivrons nos efforts pour une transition crédible dont Bachar al Assad ne peut évidemment pas être le terme et pour un cessez-le-feu durable au bénéfice des populations. Nul besoin de souligner à la fois la nécessité et l'extrême difficulté de ces tâches", a déclaré Laurent Fabius lors de ses voeux aux diplomates.

LISTE DE NÉGOCIATEURS

Cette relance diplomatique faite suite à l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 18 décembre et pour la première fois depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011, d'une résolution qui soutient les efforts de paix internationaux sur la Syrie, prévoit un cessez-le-feu et la mise en place d'un gouvernement de transition.

Le communiqué de l'opposition déplore que le processus de paix ne dise rien de l'avenir du président Assad, dont ils refusent qu'il reste au pouvoir pendant la période de transition.

Staffan de Mistura est arrivé vendredi à Damas où il doit notamment rencontrer le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moualem.

Interrogé par Reuters, Monzer Makhous a estimé que cette visite du diplomate onusien permettrait peut-être d'en savoir davantage sur la position du régime syrien et d'avoir une meilleure appréciation de la possibilité ou non de suivre le calendrier prévu. "Est-ce que les négociations se tiendront le 25 ? Ce n'est pas sûr, il y a pas mal de problèmes à résoudre", a-t-il toutefois ajouté.

L'opposition, a-t-il précisé, a établi une liste de 15 négociateurs mais n'en dévoilera la composition qu'après le gouvernement syrien. (Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)