SOWETO, Afrique du Sud, 14 avril (Reuters) - La militante Winnie Madikizela-Mandela a été inhumée samedi à Soweto, lieu symbolique de la lutte contre l'apartheid, où l'ex-épouse de l'ancien président Nelson Mandela est vénérée.

Winnie Madikizela-Mandela est morte le 2 avril à l'âge de 81 ans des suites d'une longue maladie. Ses funérailles, organisées après un deuil national d'une quinzaine de jours ont attiré près de 40.000 dont le président sud-africain, Cyril Ramaphosa et des membres de l'opposition.

"Par sa mort, elle démontre que les clivages politiuques et raciaux peuvent être éclipsés par notre volonté partagée de suivre sa ligne en construisant une société juste, équitable et soucieuse du bien-être de chacun", a-t-il déclaré.

"Elle a parlé fort et sans jamais s'excuser, elle a tenu un langage de vérité au pouvoir. Ce sont ceux qui étaient au pouvoir, fragiles et craintifs qui ont infligé les châtiments les plus cruels. Et pourtant, malgré tout ce qu'elle a enduré, ils n'ont pas pu la briser, ils n'ont pas pu la réduire au silence", a-t-il dit.

L'enterrement s'est déroulé après un deuil national de près de deux semaines décrété par le gouvernement.

De nombreuses personnes arboraient les couleurs verte et jaune du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), au sein duquel Winnie Madikizela-Mandela a lutté contre le pouvoir blanc.

Parmi les intervenants, figurait également Julius Malema, chef de file du parti d'extrême gauche des Combattants de la liberté économique (Economic Freedom Fighters, EFF), qui a exprimé son admiration pour la défunte qui a selon lui toujours placé le pays "au dessus de sa propre sécurité" lors de son combat contre l'apartheid.

"Elle a toujours vécu dans le danger, prête à perdre sa vie, et même les vies de ses propres enfants qui étaient mises en danger par ses activités politiquesé, a-t-il déclaré.

Winnie, militante de la lutte anti-apartheid, avait épousé Nelson Mandela en 1958. Ils s'étaient séparés en 1992, deux ans après la sortie de prison de son mari, pour laquelle elle avait oeuvré. Elle avait pris le nom de Madikizela-Mandela quatre ans plus tard, une fois le divorce prononcé.

Devenue une icône, celle qui était considérée à la libération de "Madiba" comme la "mère" de la nouvelle Afrique du Sud avait cependant vu son image se ternir à cause d'affaires judiciaires et politiques, en particulier pour les dérives du "Mandela United Football Club" (MUFC), dans la cité noire de Soweto, pendant les dernières années de l'apartheid.

Accusée d'avoir fait assassiner le militant anti-apartheid Stompie Seipei, retrouvé la gorge tranchée près de sa maison de Soweto, la "mère de la nation" déchue avait été condamnée à six ans de prison en 1991 pour avoir enlevé et agressé un adolescent de 14 ans qu'elle soupçonnait d'être un informateur. Sa peine avait finalement été réduite en appel à une simple amende. (Nomvelo Chalumbira, Nicolas Delame et Jean Terzian pour le service français)