M. Khan, qui affirme que les accusations de corruption ont été concoctées, se trouve au cœur d'une confrontation avec la puissante armée, qui a dirigé directement le Pakistan ou supervisé des gouvernements civils tout au long de son histoire.

M. Khan a été arrêté et placé en détention le 9 mai, ce qui a déclenché de vastes manifestations de la part de ses partisans et suscité de nouvelles inquiétudes quant à la stabilité de ce pays doté de l'arme nucléaire, qui est aux prises avec la pire crise économique qu'il ait connue depuis des décennies.

M. Khan a ensuite été libéré sous caution.

"Il s'est joint à l'enquête", a déclaré son avocat, Faisal Chaudhry, en faisant référence à son interrogatoire par des fonctionnaires du National Accountability Bureau (NAB).

Son épouse, Bushra Khan, également accusée de corruption, l'a rejoint, mais seul Imran Khan avait été interrogé mardi en début d'après-midi, a précisé M. Chaudhry. Elle n'a pas commenté les accusations portées contre elle, mais M. Khan les a rejetées.

L'ancienne star internationale du cricket est devenue Premier ministre en 2018 avec le soutien tacite de l'armée, bien que les deux parties l'aient nié en temps utile, mais il s'est ensuite brouillé avec les généraux et a été évincé du poste de Premier ministre après avoir perdu un vote de confiance en 2022.

M. Khan, âgé de 70 ans, fait depuis lors campagne en faveur d'une élection anticipée et organise des rassemblements avec ses partisans dans tout le pays.

Le premier ministre qui l'a remplacé, Shahbaz Sharif, a rejeté l'appel de M. Khan en faveur d'élections générales avant la fin de l'année.

M. Khan a gagné une large popularité parmi les 220 millions d'habitants du Pakistan grâce à son programme conservateur et nationaliste, et ce soutien a été renforcé plus récemment par le défi qu'il a lancé à l'establishment militaire.

Lors des récentes manifestations contre son arrestation, ses partisans ont saccagé les maisons d'officiers supérieurs et pris d'assaut le quartier général de l'armée, lançant un défi sans précédent à l'institution la plus puissante du pays musulman.

La NAB, qui a enquêté, jugé ou emprisonné toutes les personnes ayant occupé le poste de premier ministre depuis 2008, avait demandé à M. Khan, le 18 mai, d'assister à l'enquête, mais ce dernier avait refusé.

Le NAB avait donné à M. Khan une date limite du 25 mai pour se présenter, ce qui aurait pu conduire à son arrestation en cas de refus.

Le NAB a arrêté M. Khan ce mois-ci sur la base d'allégations selon lesquelles lui et sa femme auraient reçu des terrains d'une valeur de plusieurs millions de dollars en guise de pot-de-vin de la part d'un magnat de l'immobilier par l'intermédiaire d'un fonds de bienfaisance.

M. Khan a qualifié ces allégations d'"absolument fausses, frivoles et concoctées" dans une déclaration faite à la NAB la semaine dernière.