L'estimation de croissance de l'économie souterraine, à 2,5% en 2010, bien que modeste, est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement de centre-droit qui a mis en oeuvre des mesures d'austérité dans le cadre du plan d'aide international de 78 milliards d'euros visant à réduire le déficit budgétaire et à limiter l'envolée de la dette.

En plus de la fraude fiscale, l'économie souterraine fausse la compétitivité du pays, point faible du Portugal.

Le rapport, élaboré par l'Université de Porto et l'Observatoire de surveillance de la fraude, montre que l'économie parallèle a crû de 2,5% en 2010, pour peser 24,8% du PIB.

Cela se traduit par une perte de recettes publiques de plus de huit milliards d'euros.

"On commence tout juste à analyser les données de 2011, mais si l'on prend en compte la hausse des impôts et du chômage, une nouvelle progression de l'économie non déclarée est à prévoir", commente le Professeur Oscar Afonso, directeur adjoint de l'Observatoire.

Selon lui, ces chiffres suggèrent que l'économie souterraine du Portugal est bien plus importante que la moyenne des 16 pays européens de l'OCDE, où elle représentait environ 17% du PIB en 2003, année où on été publiées les dernières données disponibles.

Seule la Grèce, et peut-être l'Italie, affichent des performances plus mauvaises que Lisbonne.

Dans son ampleur, ce manque à gagner est comparable au transfert exceptionnel de près de six milliards d'euros prélevés l'année dernière par l'Etat dans des fonds de pension des banques afin d'atteindre l'objectif de déficit budgétaire de 5,9% du PIB imposé à Lisbonne dans le cadre du plan d'aide international.

Cette opération a permis à Lisbonne de réduire le déficit budgétaire d'environ 8% du PIB à 4%-4,5% du PIB, selon les estimations.

En 2010, le Portugal a relevé son taux maximum de TVA d'un point de pourcentage à 21%, un taux qui devrait atteindre 23% en 2011. Une large gamme de produits qui jusqu'ici étaient soumis à un plus faible taux de TVA sont depuis début janvier soumis au taux maximum.

Les mesures d'austérité ont provoqué une chute sans précédent de la consommation, ce qui devrait provoquer une contraction de 3,1% de l'économie portugaise cette année, selon les chiffres de la banque centrale, après une contraction de 1,6% enregistrée en 2011.

Andrei Khalip, Catherine Monin pour le service français, édité par Nicolas Delame