(Actualisé avec réactions du gouvernement, de la fédération des chambres de commerce, de l'institut Ifo et d'analystes)

par Michael Nienaber

BERLIN, 15 mai (Reuters) - L'économie allemande a ralenti un peu plus fortement que prévu au premier trimestre en raison notamment de la faiblesse des échanges commerciaux et des dépenses publiques, montrent les données publiées mardi par l'Office fédéral de la statistique (Destatis), sans susciter l'inquiétude des économistes.

Ces derniers pensent qu'il s'agit d'un simple trou d'air et que la première économie d'Europe va réaccélérer.

Le produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne a progressé au cours des trois premiers mois de l'année de 0,3%, sa plus faible croissance depuis le troisième trimestre 2016, a annoncé Destatis en première estimation. Il avait augmenté de 0,6% au trimestre précédent.

Les économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne une croissance de 0,4%, leurs prévisions allant de +0,2% à +0,5%.

Il s'agit néanmoins d'un 15e trimestre consécutif d'expansion pour l'économie allemande, sa plus longue période de croissance ininterrompue depuis la réunification en 1990.

"Est-ce une pause ou un retournement fondamental? Pour nous, la réponse est claire: ce n'est qu'un mauvais moment à passer", dit Andreas Scheuerle, analyste de DekaBank, qui fonde son jugement sur une demande étrangère toujours solide et une activité intérieure vigoureuse en raison d'un emploi record et de salaires en hausse.

"Cependant, cela ne doit pas occulter le fait que les risques sur les perspectives économiques ont augmenté en particulier en raison des velléités néo-protectionnistes et de la politique de sanctions du gouvernement des Etats-Unis", ajoute-t-il.

Le principal soutien à l'activité dans la première économie d'Europe est venu au premier trimestre de la demande intérieure alors que le commerce extérieur a été un point faible, a précisé Destatis.

"L'investissement a nettement progressé avec des investissements significativement plus élevés dans la construction mais aussi dans les équipements", a souligné l'institut. Les dépenses des ménages ont légèrement augmenté, a-t-il ajouté.

LES NÉGOCIATIONS POLITIQUES ONT PESÉ SUR LA DÉPENSE PUBLIQUE

Le ministère de l'Economie juge lui aussi que la tendance reste positive malgré ce ralentissement du premier trimestre.

"La consommation privée reste solide. Les entreprises sont optimistes sur leurs perspectives d'activité à la lumière de conditions globales favorables", affirme-t-il dans son rapport mensuel.

Il souligne en outre que la durée des négociations entre partis politiques sur la formation d'un nouveau gouvernement a entraîné une baisse des dépenses publiques qui a pesé sur la croissance au premier trimestre.

Avec des carnets de commandes remplis et un niveau d'emploi élevé, le gouvernement s'attend à un rebond de la croissance dès le deuxième trimestre. Sur l'ensemble de l'année, il prévoit une croissance de 2,3%.

Sur un an, la croissance allemande, ajustée des effets de calendrier, a été de 2,3% au premier trimestre, un rythme là encore légèrement inférieur aux prévisions des économistes qui attendaient 2,4%.

Destatis a confirmé une croissance du PIB de 2,2% en 2017, ce qui s'est traduit par un taux de 2,5% hors effets de calendrier. Il s'agit du rythme le plus élevé depuis 2011.

La fédération des chambres de commerce et d'industrie (DIHK) a aussi attribué le ralentissement du premier trimestre 2018 à une épidémie de grippe, à un nombre inhabituellement élevé de jours de grève et à un nombre supérieur à la moyenne de jours fériés et de vacances.

"Le début d'année constitue une déception mais pas encore le début de la fin de l'élan positif", dit Martin Wansleben, directeur exécutif de la DIHK.

Le diagnostic est partagé par Clemens Fuest, président de l'institut Ifo. "L'élan a un peu ralenti mais il demeure intact", dit-il. "Nous nous attendons à des taux de croissance plus élevés dans les mois à venir."

Jennifer McKeown, de Capital Economics, pense que l'économie allemande va profiter dans les trimestres à venir d'un accroissement des allocations familiales et des pensions de retraite mais aussi d'une accélération de la croissance des principaux partenaires commerciaux de l'Allemagne.

"Au total, nous voyons toujours le PIB allemand augmenter de 2,5% cette année", dit-elle.

Tableau (Bertrand Boucey pour le service français)