(Actualisé avec réaction Irlande §10-11)

DUBLIN, 1er décembre (Reuters) - L'Union européenne refusera les demandes de la Grande-Bretagne sur l'ouverture de négociations commerciales post-Brexit entre Londres et Bruxelles si l'Irlande n'est pas satisfaite par les propositions britanniques concernant sa frontière avec l'Irlande du Nord, a déclaré vendredi le président du Conseil européen.

Donald Tusk, qui présidera les 14 et 15 décembre un sommet présenté comme capital pour l'avenir des négociations entre le Royaume-Uni et les Vingt-Sept, s'exprimait après une rencontre avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar à Dublin.

"Avant de proposer aux dirigeants (européens) les grandes lignes sur la transition et sur les futures relations, je consulterai le chef du gouvernement (Varadkar) pour savoir si la proposition du Royaume-Uni est suffisante pour l'Irlande", a déclaré le représentant européen.

"Je vais être très clair: si la proposition du Royaume-Uni n'est pas acceptable pour l'Irlande, elle ne sera pas acceptable pour l'UE. Je me rends compte que pour certains dirigeants politiques britanniques cela est difficile à comprendre", a-t-il poursuivi.

"C'est la raison pour laquelle la clé des futures relations avec le Royaume-Uni se trouve - par certains aspects - à Dublin, au moins tant que les négociations sur le Brexit se poursuivent", a-t-il dit.

Donald Tusk a rappelé qu'il avait donné à la Première ministre britannique Theresa May jusqu'à ce lundi pour présenter une "offre définitive" sur la question de la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord et sur les deux autres dossiers clefs des négociations sur le divorce (la facture du Brexit et les droits futurs des expatriés).

L'enjeu est le rétablissement ou non d'une frontière physique telle qu'elle existait avant les accords de paix de 1998 qui ont mis fin à trois décennies de violences communautaires en Ulster.

Dublin refuse un tel scénario et propose que l'Irlande du Nord adopte des règles commerciales distinctes de celles qui prévaudront dans le reste du Royaume-Uni après le Brexit.

Le Parti unioniste démocrate (PUD), petite formation nord-irlandaise dont les conservateurs de Theresa May ont besoin pour disposer de la majorité à la Chambre des communes, exclut une telle hypothèse.

Donald Tusk a insisté qu'il n'y aurait pas de divisions entre l'Irlande et ses 26 partenaires de l'Union européenne. "L'UE est totalement derrière vous et votre demande qu'il ne doit pas y avoir de frontière physique sur l'île d'Irlande après le Brexit. Le demande de l'Irlande est la demande de l'UE", a-t-il dit.

Leo Varadkar a reconnu que des progrès avaient été enregistrés sur cette question de la frontière mais a rappelé que les prochains jours seraient déterminants et que son pays n'hésiterait pas à opposer son veto si nécessaire.

"Le Royaume-Uni doit apporter des solutions crédibles, concrètes et réalisables qui garantissent qu'il n'y aura pas de frontière physique quelle que soit la future relation entre l'UE et le Royaume-Uni", a-t-il dit.

(Padraic Halpin; Pierre Sérisier pour le service français)