MOSCOU, 26 janvier (Reuters) - L'affaire Magnitsky, du nom de l'avocat et militant anti-corruption mort en détention à Moscou en 2009, ne nuira pas aux intérêts économiques russes, a assuré samedi le Premier ministre Dmitri Medvedev.

"Cela n'intéresse personne, excepté peut-être certains citoyens qui cherchent à l'exploiter pour accroître leur capital politique", a-t-il déclaré dans un entretien télévisé diffusé à une heure de grande audience.

"Aucun chef d'entreprise n'a évoqué cette question, mais c'est malheureusement devenu un facteur de la vie politique", a poursuivi le Premier ministre, chef de la délégation russe envoyée à Davos pour le Forum économique mondial. En marge de la rencontre, plusieurs hommes d'affaires russes avaient pourtant exprimé des craintes à ce sujet.

Sergueï Magnitsky est mort à l'âge de 37 ans, près d'un an après son placement en détention préventive dans le cadre d'un procès pour fraude fiscale. Il disait avoir été privé des soins médicaux dont il avait besoin et certains membres du Conseil russe des droits de l'homme, qui dépend du Premier ministre, reconnaissent qu'il a probablement été battu à mort. Son décès a soulevé une vague d'indignation à travers le monde, mais n'a donné lieu à aucune poursuite.

Une loi baptisée Magnitsky Act a été promulgué le mois dernier aux Etats-Unis pour interdire la délivrance de visa aux ressortissants russes soupçonnés d'atteintes aux droits de l'homme et pour geler leurs avoirs sur le territoire américain.

En réaction, Vladimir Poutine a ratifié fin décembre un projet de loi similaire, qui interdit en outre aux Américains d'adopter des enfants russes. (Steve Gutterman, Jean-Philippe Lefief pour le service français)