* Nouvelles sanctions individuelles contre des personnalités russes

* Des sanctions commerciales seulement en cas d'aggravation de la crise

* Le volet politique de l'accord d'association Ukraine-UE signé vendredi

par Julien Ponthus

BRUXELLES, 20 mars (Reuters) - L'Union européenne a annoncé jeudi qu'elle prendrait de nouvelles sanctions contre des personnalités impliquées dans l'annexion de la Crimée mais a pris soin de ménager Moscou pour ne pas compromettre la "désescalade" qu'elle exige.

Réunis à Bruxelles pour leur sommet de printemps, les dirigeants des Vingt-Huit ont déclaré qu'ils évoqueraient des sanctions commerciales contre la Russie mais qu'elles ne seraient mises en oeuvre qu'en cas d'aggravation de la crise.

"Les sanctions économiques, même si elles ne sont pas décidées aujourd'hui, doivent être envisagées, doivent être en tout cas préparées mais pour la réunion du Conseil européen d'aujourd'hui (...), ce sont des sanctions individuelles qui doivent être prononcées", a dit François Hollande à son arrivée au Conseil européen.

Le président français a confirmé l'annulation du sommet UE-Russie prévu en juin en marge du G8 de Sotchi qu'organise la Russie, estimant que cette réunion ne pouvait pas avoir lieu "dans ces conditions".

Angela Merkel a estimé que l'enceinte du G8 n'existait de facto plus en raison du bras de fer diplomatique entre Moscou et les pays occidentaux et a brandi elle aussi la menace de frapper l'économie russe.

"Nous allons faire comprendre très clairement qu'avec une escalade supplémentaire, nous sommes prêts à introduire des sanctions économiques", a dit la chancelière allemande devenue de plus en plus critique envers Vladimir Poutine.

"UNE UKRAINE FORTE ET DÉMOCRATIQUE"

Le Premier ministre britannique David Cameron a quant à lui estimé qu'outre de nouvelles sanctions individuelles, les Européens devaient s'assurer que tout serait fait pour "bâtir une Ukraine forte et démocratique" associée à l'UE.

Les Vingt-Huit doivent signer vendredi le volet politique de l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine, qui avait entraîné le pays dans la crise en novembre lorsque l'ancien président Viktor Ianoukovith avait refusé l'offre européenne.

Les discussions de Bruxelles interviennent alors que les Etats-Unis viennent d'imposer de nouvelles mesures de rétorsion individuelles auxquelles la Russie a répondu en gelant les avoirs et en privant de visa neuf responsables américains.

La Douma, chambre basse du Parlement russe, a ratifié jeudi le traité rattachant la Crimée à la Russie et le Conseil de la Fédération, la chambre haute doit le valider vendredi.

Si la volonté de la Russie d'annexer la Crimée semble inébranlable, les Européens restent divisés sur la politique susceptible d'amener la Russie à la table des négociations.

"Nous discuterons de la réponse unie, unie, de l'Union européenne", a dit le président du conseil Herman Van Rompuy devant les dirigeants européens, insistant sur la volonté de l'UE de parvenir à une "solution politique et pacifique".

De la Finlande, qui partage 1.300 km de frontière et un passé conflictuel avec la Russie, à Chypre, dont le système bancaire dépend fortement des Russes, quasiment chaque pays de l'UE a des raisons de craindre pour ses intérêts particuliers.

Les échanges de la France avec la Russie se sont élevés à plus de 18 milliards d'euros en 2013 et elle serait la plus exposée à un embargo sur les ventes d'armes vers la Russie.

La question d'un embargo sur le gaz russe est tout aussi délicate car les Européens ont des dépendances extrêmement variées à cette énergie venant de l'Est. (Edité par Yves Clarisse)