* L'Ukraine frappée par des attaques informatiques

* La Russie annonce le retrait de certains de ses soldats

* L'Occident réagit avec prudence et scepticisme

par Maria Tsvetkova, Dmitry Antonov et Andrea Shalal

KIEV/MOSCOU/WASHINGTON, 15 février (Reuters) - L'Ukraine a déclaré mardi avoir été affectée par des attaques informatiques qu'elle a semblé imputer à la Russie, sans toutefois nommer de responsable.

Les utilisateurs de la banque ukrainienne Privatbank ont signalé des problèmes avec les paiements et une application bancaire, tandis que Oshadbank a déclaré que ses systèmes avaient été ralentis.

Le service fédéral de sécurité russe n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire de Reuters.

Le président américain Joe Biden a prévenu qu'il répondrait, avec ses alliés, aux attaques informatiques, ajoutant qu'une offensive russe en Ukraine restait une possibilité.

"Si la Russie attaque les Etats-Unis ou ses alliés en utilisant des moyens comme des attaques informatiques contre nos entreprises ou nos infrastructures essentielles, nous serons prêts à répondre", a déclaré Joe Biden lors d'une allocution télévisée.

Un diplomate européen a estimé que cette attaque était inquiétante étant donné qu'une offensive militaire serait probablement précédée d'une attaque informatique.

"Cela pourrait vouloir dire qu'une offensive est imminente, ou bien que la Russie continue de s'en prendre à l'Ukraine", a ajouté ce diplomate, qui préfère conserver l'anonymat.

Les attaques informatiques consistaient en un déni de service distribué, des attaques qui visent à saturer un serveur pour le rendre inaccessible. De tels incidents sont difficiles à attribuer, mais le diplomate européen a déclaré qu'il ne faisait aucun doute que Moscou était derrière ces attaques.

LES EFFORTS DIPLOMATIQUES SE POURSUIVENT

Les efforts diplomatiques se sont poursuivis mardi.

La Russie a affirmé avoir commencé à retirer une partie de ses troupes déployées le long des frontières de l'Ukraine, mais l'Otan et Kiev ont demandé à voir des preuves avant de parler de désescalade.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, s'est félicité des signaux envoyés ces deux derniers jours par la Russie laissant entendre qu'elle veut privilégier le dialogue pour résoudre cette crise.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a toutefois déclaré qu'une reconnaissance officielle par Moscou des deux zones sécessionnistes de l'est de l'Ukraine, dans la région du Donbass représenterait une "agression sans armes".

La Douma a en effet approuvé ce mardi une proposition de loi demandant au président russe Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des "républiques populaires" de Donetsk et Louhansk, proclamées en 2014 par les séparatistes russophones du Donbass, quelques mois après l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée.

Le président français Emmanuel Macron et son homologue américain se sont entretenus par téléphone mardi au sujet des "sévères conséquences" auxquelles Moscou s'expose dans le dossier ukrainien.

Ils ont également réaffirmé leur volonté de trouver une solution diplomatique à la crise ukrainienne.

(avec les rédactions de Reuters, rédigé par Mark Trevelyan and Costas Pitas; version française Camille Raynaud)