PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en nette baisse lundi à l'ouverture alors que les tensions géopolitiques autour de l'Ukraine provoquent un vif regain d'aversion au risque faisant chuter les Bourses européennes, les rendements obligataires et l'euro. Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en repli de 0,78% pour le Dow Jones, de 0,81% pour le S&P 500 et de 1,1% pour le Nasdaq.

En Europe, le repli est nettement plus marqué et le CAC 40 décroche de 3,5% à 6.765,96 vers 12h25 GMT. À Francfort, le Dax lâche 3,32% et à Londres, le FTSE perd 2%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 2,59%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 3,55% et le Stoxx 600 de 2,76%.

Malgré les efforts diplomatiques, la situation reste extrêmement tendue entre les puissances occidentales et la Russie autour de l'Ukraine et les craintes d'une invasion russe se sont encore renforcées au cours du week-end, les Etats-Unis avertissant à nouveau qu'une telle opération pourrait commencer à tout moment.

"Au-delà des questions militaires et politiques, [une invasion] porterait probablement un coup temporaire à la confiance des entreprises et des consommateurs en Europe", estime Holger Schmieding, économiste chez Berenberg.

"Les prix de l'énergie pourraient encore grimper en flèche en Europe, aggravant encore l'inflation pendant un certain temps. Dans le pire des cas, une interruption prolongée des flux de pétrole et de gaz pourrait provoquer des pénuries d'énergie temporaires dans certaines régions d'Europe", ajoute-t-il.

Au-delà de ces tensions géopolitiques, les investisseurs s'inquiètent d'un resserrement plus rapide et plus marqué que prévu de la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) après les chiffres d'inflation aux Etats-Unis qui ont montré une hausse de 7,5% sur un an janvier, du jamais vu depuis février 1982.

La perspective d'une réunion à huis clos du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) ce lundi (16h30 GMT) a alimenté les spéculations sur une hausse de taux en urgence - en dehors du calendrier des réunions prévues du FOMC - même si l'évènement semble habituel.

Les opérateurs de marché seront aussi attentifs au discours (16h15 GMT) de la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, devant le Parlement européen à Strasbourg.

TAUX

Le regain d'aversion au risque provoque une forte demande pour les obligations souveraines en Europe, considérées comme des actifs refuge.

Cette demande fait monter le prix des obligations et parallèlement chuter les rendements: celui des emprunts d'Etat allemand à dix ans lâche plus de huit points de base, à 0,215%.

Le taux de l'OAT française de même échéance abandonne plus de sept points de base, à 0,697% et celui du Gilt britannique perd cinq points, à 1,496%.

Le taux des Treasuries à dix ans limite pour sa part son repli à trois points de base, pour évoluer à 1,9302% après un pic à 2,0630% vendredi, les tensions inflationnistes et la perspective d'un resserrement monétaire aux Etats-Unis instaurant une pression à la hausse sur les rendements américains.

CHANGES

Du côté des devises, l'euro est la principale victime des craintes géopolitiques. La monnaie unique abandonne encore 0,41% à 1,1303 dollar, son plus bas niveau depuis le 3 février.

Le billet vert profite de son statut d'actif refuge et gagne 0,2% face à un panier de devises de référence. Le yen et le franc suisse sont aussi recherchés pour les mêmes raisons.

PÉTROLE

Les cours du brut cèdent un peu de terrain après avoir touché plus tôt en séance des plus hauts de plus de sept ans, dopés par la perspective d'éventuelles sanctions européennes et américaines contre la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine qui pourraient perturber les exportations de pétrole russe.

Le baril de Brent recule de 0,46% à 94,01 dollars après avoir atteint plus tôt en séance 96,16 dollars, au plus haut depuis septembre 2014.

Celui du brut léger américain (WTI) perd 0,41% à 92,71 dollars, après un pic à 94,94 dollars.

VALEURS EN EUROPE

Le repli des rendements obligataires pèsent sur le secteur européen des banques qui lâche 4,2%. A Paris, Société générale plonge de 6,82% et BNP Paribas de 5,79%.

Le secteur de la technologie et celui du transports et tourisme lâchent respectivement 3,98% et 4,48%, pénalisé par le mouvement de vente généralisé.

Celui du pétrole et gaz parvient seulement à limiter son repli à 1,28%, soutenu par les prix élevés du brut.

Lanterne rouge du STOXX 600, le groupe suisse de chimie Clariant s'effondre de plus de 17% après l'annonce du report de la publication de ses comptes pour 2021 en raison d'une enquête lancée après des allégations concernant une manipulation des comptes en 2020 et 2021.

(Reportage Blandine Hénault, édité par Nicolas Delame)

par Blandine Henault