(Actualisé avec Italie, diplomate européen)

par Robin Emmott

BRUXELLES, 15 avril (Reuters) - L'Union européenne examinera lundi la possibilité d'envoyer du personnel de sécurité en Libye pour aider à stabiliser le pays, dans l'hypothèse où le nouveau gouvernement d'union nationale en ferait la demande.

Les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense étudieront la question lors d'un dîner à Luxembourg, pendant lequel le Premier ministre libyen Fayez Seraj interviendra via un lien vidéo.

"L'UE se tient prête à offrir un soutien en matière de sécurité en réponse à d'éventuelles requêtes du gouvernement d'union nationale", devraient déclarer les ministres, selon un projet de communiqué actuellement préparé par les diplomates, et toujours en cours de discussion.

"Une éventuelle mission (...) civile pourrait soutenir les efforts libyens (...) grâce à des conseils et au renforcement des capacités dans les domaines policier et judiciaire", poursuit le texte.

L'UE entendrait ainsi aider la Libye dans la lutte contre le terrorisme, le contrôle des frontières et la lutte contre les migrations clandestines.

Aucun militaire ne participerait à une telle mission.

L'Italie, en première ligne face à l'afflux de migrants en provenance de Libye et qui réclame depuis longtemps une action européenne coordonnée, a écrit aux dirigeants du Conseil européen et de la Commission européenne pour souligner l'urgence de la situation.

Le gouvernement de Matteo Renzi propose notamment "la présence permanente de forces de sécurité européennes dans la bande sahélienne" et le renforcement des moyens maritimes pour lutter contre les réseaux de passeurs et former les gardes-côtes libyens.

"NE PAS BRÛLER LES ÉTAPES"

Les Vingt-Huit et le gouvernement d'union nationale libyen, qui doit encore imposer son autorité aux deux gouvernements et parlements rivaux en place à Tripoli et dans l'est du pays, n'ont pas encore discuté en détail de ces projets et l'UE veut éviter de donner l'impression de s'ingérer dans les affaires intérieures du pays.

"Il faut trouver le bon équilibre", souligne un responsable européen au fait du dossier. "Nous devons nous préparer à aider la Libye, mais nous ne pouvons pas brûler les étapes."

L'hypothèse d'une mission de sécurité européenne en Libye pourrait relancer les discussions entre Rome, Paris, Londres et Washington sur l'opportunité d'envoyer des militaires en Libye pour aider à la protection des installations stratégiques, des bâtiments publics, des ports et aéroports.

Cette mission d'assistance internationale à la Libye (LIAM), qui pourrait établir un secrétariat à Rome, a déjà informé les diplomates européens des modalités du rôle militaire qu'elle pourrait jouer pour contribuer à la stabilisation de la Libye.

Les ministres européens pourraient aussi réfléchir aux moyens d'élargir la mission navale "Sophia", active depuis la mi-2015 et qui a permis de sauver plus de 8.000 vies de migrants et réfugiés en Méditerranée.

"Sophia" n'est pas autorisée à opérer dans les eaux libyennes, faute d'autorisation du gouvernement libyen et d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. (Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün pour le service français)