par Julien Toyer et Emmanuel Jarry

Au menu de ce sommet exceptionnellement réduit à une seule journée: stratégie économique européenne pour 2020, préparation du sommet du G20 de Toronto fin juin, gouvernance économique, entrée de l'Estonie dans la zone euro, ouverture des négociations d'adhésion de l'Islande, sanctions envers l'Iran.

Crise oblige, la question de pratiquer des "stress tests" sur les banques européennes et de publier leurs résultats a accaparé bonne partie des discussions.

La situation des banques espagnoles, en particulier des caisses d'épargne, qui ont du mal à emprunter, a largement contribué à alimenter ce débat, alors que Madrid avait fait savoir mercredi qu'elle publierait les conclusions des tests de résistance sur ses banques afin de démontrer leur solidité.

Officiellement, le cas espagnol n'était pas à l'ordre du jour du sommet, mais la réforme du marché du travail adoptée mercredi par le gouvernement de José Luis Zapatero et la rencontre prévue vendredi entre ce dernier et le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, ont été très commentées.

Le président français Nicolas Sarkozy a dit que les Vingt-Sept faisaient "pleinement confiance aux autorités espagnoles. Nous considérons qu'il n'y a pas de problème", a-t-il dit.

Le président du Conseil européen a quant à lui indiqué que les mesures d'austérité prises par le gouvernement espagnol étaient "courageuses" et "produiraient leurs effets".

APAISEMENT PONCTUEL

Les investisseurs ont été rassurés jeudi par des emprunts d'Etat espagnols et français émis pour un montant total de près de 11,5 milliards d'euros et qui ont suscité une forte demande.

Les marchés d'actions européens, de leur côté, ont terminé en hausse pour la septième fois consécutive et l'euro regagnait du terrain à près de 1,24 dollar en milieu d'après-midi.

Plusieurs autres éléments avaient contribué à apaiser l'ambiance de ce sommet.

Outre la réforme espagnole du marché du travail, la France a présenté mercredi un projet de réforme des retraites avec l'espoir implicite d'apaiser les investisseurs inquiets de la dérive de ses déficits et de sa dette.

Le compromis conclu le 7 juin sur les modalités du Fonds de stabilisation financière européen, les premiers accords sur les propositions du groupe Van Rompuy en matière de gouvernance et le rapprochement franco-allemand sur un gouvernement économique ont également joué également.

"Pour la première fois depuis je suis entré en fonctions, j'ai présidé un sommet normal", s'est amusé Herman Van Rompuy.

MODIFIER LES TRAITÉS OU PAS?

Les principaux résultats concrets du sommet portent sur le soutien apporté par les chefs d'Etat et de gouvernement à la réforme de la gouvernance économique européenne ébauchée par le groupe Van Rompuy - une des leçons de la crise économique et financière, rendue plus urgente par les soubresauts de l'euro.

Ils ont ainsi entériné le principe d'une refonte du pacte de stabilité et de croissance, avec notamment une présentation des projets de budgets nationaux à la Commission européenne et aux autres Etats membres et un arsenal de sanctions renforcé.

De son côté, l'exécutif communautaire a promis d'accélérer ses travaux sur ces questions et de faire des propositions détaillées d'ici au 30 juin.

L'une des questions à régler sera de savoir si une modification des traités est nécessaire ou non, notamment pour inclure des sanctions qui pourraient prendre la forme d'une suspension de droit de vote au Conseil européen des pays de la zone euro "laxistes", comme le proposent Berlin et Paris.

L'Allemagne envisage plus facilement que d'autres - dont la France - une telle modification des textes européens.

Les dirigeants français estiment que trop de pays sont contre et qu'il vaut mieux s'appuyer sur l'article 136 du traité institutionnel de Lisbonne, qui permet aux pays de la zone euro de s'entendre sur des procédures spécifiques à leur cas.

Les Vingt-Sept ont par ailleurs soutenu l'idée d'une taxe sur les banques, qu'ils voudraient voir à l'ordre du jour du sommet du G20 à Toronto.

Edité par Nicolas Delame