Le gouvernement militaire du Burkina Faso a publié vendredi une déclaration demandant à Mme Manzi, nommée coordinatrice résidente de l'ONU l'année dernière, de quitter le pays d'Afrique de l'Ouest avec effet immédiat.

La ministre des affaires étrangères, Olivia Rouamba, a ensuite accusé Mme Manzi d'avoir brossé un tableau négatif de la situation sécuritaire au Burkina Faso, qui est aux prises avec une violente insurrection islamiste depuis 2015.

Mme Manzi "a prédit le chaos au Burkina Faso dans les prochains mois", a déclaré Mme Rouamba à la télévision nationale, alléguant qu'elle avait unilatéralement recommandé l'évacuation de certains membres du personnel de l'ONU et de leurs familles de la capitale Ouagadougou.

"Elle a discrédité le pays et découragé les investisseurs potentiels", a déclaré M. Rouamba, soulignant les "efforts considérables" déployés par le gouvernement pour améliorer la sécurité.

Le secrétaire général de l'ONU a "appris avec regret" la décision du Burkina Faso et a exprimé "sa pleine confiance... dans l'engagement et le professionnalisme de Mme Manzi", a déclaré le porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué samedi.

"La doctrine de la persona non grata ne s'applique pas aux fonctionnaires des Nations Unies", a-t-il ajouté.

"Seul le Secrétaire général (...) a le pouvoir de décider, après une enquête approfondie, du retrait d'un fonctionnaire des Nations Unies.

Reuters n'a pas été en mesure de vérifier immédiatement si Mme Manzi, de nationalité italienne, se trouvait toujours au Burkina Faso samedi.

Elle avait précédemment déclaré à un journaliste de Reuters qu'elle se rendrait au Burkina Faso le 24 décembre pour les fêtes de fin d'année.

L'ONU fournit des services essentiels au Burkina Faso, notamment de la nourriture à des milliers d'enfants souffrant de malnutrition, car l'insécurité a paralysé les économies locales, provoqué des famines massives et restreint l'accès des organisations d'aide.

Le pays, l'un des plus pauvres du monde, est aux prises avec des militants liés à Al-Qaïda et à l'État islamique qui ont tué des milliers de civils.

Près de deux millions de personnes ont été déplacées des foyers djihadistes du nord et de l'est et résident dans des camps de fortune, dont beaucoup sont gérés par l'ONU.

Les frustrations suscitées par l'insécurité croissante ont entraîné deux prises de pouvoir militaires cette année. La junte précédente et la junte actuelle se sont efforcées de renforcer la sécurité pour tenter d'endiguer l'insurrection, mais les attaques se sont poursuivies.

Le secrétaire général a réitéré l'engagement des Nations unies à continuer à collaborer avec les autorités de transition du Burkina Faso et à soutenir le pays.