* Inquiétude sur la faible progression des salaires

* Accentuer la formation pour éviter le creusement des inégalités

* Satisfecit sur les réformes en cours en France

PARIS, 3 juillet (Reuters) - La situation de l'emploi s'est nettement améliorée et a retrouvé son niveau d'avant-crise dans la plupart des pays de l'OCDE, mais cette embellie est éclipsée par une stagnation persistante des salaires.

Malgré le redressement de la croissance économique et du taux d'emploi moyen et le retour du taux de chômage moyen à son niveau d'avant-crise, "la croissance des salaires reste beaucoup plus morose qu'avant la crise financière", déplore l'Organisation de coopération et de développement économiques dans l'édition 2018 de ses perspectives de l'emploi, publiée mercredi.

Sur le front de l'emploi "c'est une bonne nouvelle de voir que dix ans après (...) nous sommes revenus à la situation d'avant-crise", mais "pour la majorité des citoyens de l'OCDE, ceci ne se traduit pas par des salaires plus élevés et il y a toujours un gros absent, c'est l'augmentation des salaires", a déclaré le secrétaire général de l'organisation, Angel Gurria, lors d'une conférence de presse mercredi à Paris.

Car dans l'intervalle, la croissance moyenne des salaires réels dans la zone OCDE est passée de 2,2% avant la crise à 1,2% aujourd'hui, a-t-il précisé.

Ce phénomène est d'autant plus inquiétant "qu'il touche beaucoup plus les travailleurs faiblement rémunérés que ceux qui se situent au sommet de l'échelle des salaires", souligne l'OCDE dans son rapport.

Cette stagnation a notamment été alimentée par la faible inflation, le ralentissement de l'amélioration de la productivité et la proportion croissante des emplois faiblement rémunérés, avec par exemple les temps partiels subis ou les faibles salaires obtenus par les personnes ayant repris un emploi après une longue période de chômage.

Mais l'OCDE pointe aussi l'impact des entreprises à la pointe de l'innovation et de la technologie - surnommées "superstars" - qui créent davantage de valeur ajoutée tout en recourant moins au travail.

UN BON POINT POUR LA FRANCE

Forte de ce constat, l'organisation souligne "l'impérieuse nécessité pour les pays de soutenir les travailleurs, et plus particulièrement les moins qualifiés d'entre eux", afin de les aider "à s'adapter à la mutation rapide du monde du travail et à en tirer profit et (à) faire en sorte que la croissance profite à tous".

Faute d'enrayer cette tendance à la stagnation des salaires, "la confiance du public à l'égard de la reprise économique sera compromise et les inégalités se creuseront sur le marché du travail", prévient l'OCDE.

Dans cette optique, elle juge "bienvenue" la réforme de l'assurance chômage et de la formation en cours d'examen par le Parlement français.

L'élargissement aux démissionnaires et aux indépendants - sous condition - de l'assurance chômage constituerait selon l'OCDE une adaptation aux parcours professionnels moins linéaires et à la progression du travail indépendant, tandis que le volet formation pourrait contribuer à combler le retard des travailleurs français dans ce domaine et à leur fournir des compétences requises par les employeurs.

Plus généralement, l'OCDE note que la France n'en est qu'à "mi-parcours" du rétablissement post-crise du marché du travail, avec un taux de chômage qui reste supérieur de 1,6 point à son niveau de début 2008 et se situe 3,4 point au-delà de la moyenne de l'OCDE.

Avec des indicateurs globalement bien orientés sur la qualité de l'emploi (revenu ou stress par exemple) et l'inclusivité sur le marché du travail (écart de rémunération hommes-femmes par exemple), la France présente en revanche "un écart de taux d'emploi des groupes défavorisés" par rapport à celui des hommes en âge de travailler "relativement élevé par rapport la moyenne de l'OCDE, notamment pour les jeunes".

Les perspectives pour l'emploi 2018 de l'OCDE :

https://bit.ly/1JWspgP

La note de l'OCDE sur la France :

https://bit.ly/2MPXMAf

(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)