L'Italie adoptera des mesures pour réduire l'impact des coûteuses incitations à la rénovation résidentielle sur sa dette publique massive, a déclaré mercredi le ministre de l'économie Giancarlo Giorgetti.

Ces incitations ont coûté au Trésor public plus de 200 milliards d'euros (215 milliards de dollars) en l'espace de quatre ans. La mesure la plus généreuse, appelée "Superbonus", permettait aux propriétaires de déduire de leurs impôts 110 % du coût des travaux d'économie d'énergie.

"Nous soumettrons notre propre amendement, en prenant nos responsabilités", a déclaré M. Giorgetti en marge des travaux parlementaires.

La dette publique de l'Italie, qui est la deuxième de la zone euro en proportion de la production et qui fait l'objet d'une surveillance étroite de la part des agences de notation, devrait, selon le Trésor, atteindre près de 140 % du PIB d'ici à 2026 en raison du coût des mesures d'incitation.

Introduit en 2020, le Superbonus permettait aux propriétaires de déduire le coût des travaux de construction de leurs impôts sur une période de 4 à 10 ans, ou d'utiliser le crédit d'impôt comme forme de paiement lorsqu'ils traitaient avec des constructeurs ou des banques. Les acheteurs du crédit d'impôt peuvent ensuite le revendre ou déduire la somme de leurs propres impôts.

Le gouvernement italien, qui avait bloqué en mars la possibilité de vendre les crédits d'impôt liés aux travaux de construction à quelques exceptions près, envisage maintenant de déduire de la facture fiscale le coût des travaux effectués depuis début 2023 sur une période de dix ans.

"L'étalement sur dix ans ne sera pas une option mais une obligation", a déclaré M. Giorgetti.

Le gouvernement espère que cette mesure permettra d'améliorer l'évolution de la dette italienne ou d'éviter de nouveaux dépassements dans les prochaines années.

M. Giorgetti a également déclaré qu'il était opposé aux propositions parlementaires visant à assouplir les mesures d'incitation.

La banque centrale italienne a déclaré le mois dernier que le gouvernement devrait éliminer le Superbonus, qui devrait être progressivement supprimé d'ici la fin de l'année prochaine, si les restrictions adoptées s'avéraient insuffisantes.

La proposition de la banque centrale "aurait été la bienvenue si elle avait été faite en 2021, 2022 ou 2023, alors qu'elle n'arrive qu'en 2024", a répondu le ministre.

Une grande partie des crédits d'impôt ont été accumulés sous le mandat de M. Giorgetti, depuis que le gouvernement de droite dirigé par la Première ministre Giorgia Meloni a pris ses fonctions en octobre 2022.

L'Italie doit adopter une attitude prudente à l'égard de ses finances publiques chancelantes alors qu'elle s'apprête à entamer des discussions avec les autorités de l'Union européenne afin de se conformer à la dernière réforme des règles fiscales de l'Union, vieille de deux décennies.

(1 dollar = 0,9307 euro)