MILAN, 23 juin (Reuters) - Emmanuel Macron risque de faire de la France l'"ennemi numéro un" de l'Italie sur la question des migrants, a déclaré samedi le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio à la veille d'une réunion organisée à la hâte sur ce thème au niveau européen.

Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a pour sa part qualifié le président français d'"arrogant" pour ses déclarations au sujet de l'accueil des migrants en Europe.

En réaction aux propos d'Emmanuel Macron, selon lequel la pression migratoire se réduit sur l'Italie, Luigi Di Maio a accusé le président français d'être "complètement déconnecté de la réalité".

"En Italie il existe bien une urgence de l'immigration et elle est aussi alimentée par la France qui repousse continuellement (les migrants) à la frontière", écrit le chef de file du Mouvement 5-Etoiles (M5S) sur sa page Facebook. "Macron est en train de faire de son pays un candidat pour devenir l'ennemi numéro un de l'Italie sur cette urgence, le peuple français a toujours été solidaire et amical avec les Italiens."

Lors d'une conférence de presse samedi à Paris avec le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, Emmanuel Macron a déclaré que la coopération européenne avait permis de réduire de près de 80% les flux migratoires et que les problèmes actuels étaient dus à une "crise politique (...) liée à des mouvements secondaires entre pays européens".

"La réalité, c'est que l’Europe ne vit pas une crise migratoire à la taille de celle qu’elle a vécue en 2015. C’est faux. Ceux qui disent ça ne disent pas la vérité. Et qu’un pays comme l’Italie n’a pas du tout la même pression migratoire que celle qu’elle avait l’année dernière", a dit le président français.

Matteo Salvini, chef de file de la Ligue (extrême droite), a pour sa part affirmé que l'Italie avait été confrontée à 650.000 arrivées par mer au cours des quatre dernières années, à 430.000 demandes d'asile et à l'accueil de 170.000 "supposés réfugiés" pour un coût global de plus de cinq milliards d'euros.

"Si pour l'arrogant président Macron ce n'est pas un problème, nous l'invitons à cesser ses injures et à manifester au contraire une générosité concrète en ouvrant de nombreux ports de France et en laissant passer les enfants, les hommes et les femmes à Vintimille", a-t-il déclaré dans un communiqué, en référence à la ville italienne à la frontière française.

La question migratoire a déjà provoqué une vive poussée de fièvre entre la France et l'Italie mi-juin, autour du sort du navire Aquarius. Les deux pays ont refusé d'accueillir ce bateau chargé de migrants récupérés en mer par une organisation humanitaire. (Valentina Za, avec Mathieu Rosemain à Paris Bertrand Boucey pour le service français)