L'Italie a revu à la hausse ses prévisions d'émission de dette cette année en raison de la détérioration des finances publiques et des retards dans les transferts en provenance de l'Union européenne.

Cette révision à la hausse intervient alors que les coûts d'emprunt de Rome ne cessent d'augmenter et que les investisseurs s'inquiètent de plus en plus de l'affaiblissement de l'économie et des dérapages budgétaires.

Dans son programme d'émission pour le quatrième trimestre publié vendredi en fin de journée, le Trésor a relevé son estimation de l'émission brute de dette cette année à 333 milliards d'euros (351,95 milliards de dollars).

Ce chiffre est à comparer aux prévisions de 310-320 milliards d'euros faites au début de l'année.

Cette augmentation fera grimper la dette publique record de Rome, qui s'élève à 2,85 milliards d'euros et qui est déjà la deuxième plus élevée de la zone euro en proportion du produit intérieur brut (PIB), après celle de la Grèce.

D'autres pays européens ont agi différemment cette année.

L'Allemagne a réduit ses besoins de 31 milliards d'euros (32,59 milliards de dollars) au quatrième trimestre. Le Portugal et l'Union européenne ont pris des mesures similaires.

La France a revu à la hausse ses émissions d'obligations pour l'année prochaine en raison d'une augmentation des remboursements de dette, mais n'a pas modifié son plan pour l'année en cours.

Les nouvelles prévisions approuvées par le gouvernement mercredi prévoient que le ratio dette/PIB sera stable à environ 140 % entre 2023 et 2026, au lieu de diminuer vers 60 % comme l'exigeaient les règles budgétaires de l'Union européenne avant qu'elles ne soient suspendues en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19.

Les prévisions font également état de 21 milliards d'euros de mesures jusqu'en 2025 qui devront être financées par un déficit budgétaire supplémentaire.

FONDS EUROPÉENS RETARDÉS

Les besoins de financement du gouvernement italien sont d'autant plus compliqués qu'il a du mal à respecter les conditions fixées par la Commission européenne en échange de milliards d'euros de fonds de relance post-pandémique.

Dans une note adressée à ses clients vendredi, JP Morgan a prédit qu'un retard dans la réception de la deuxième tranche des fonds de l'UE conduirait à une augmentation des émissions de bons du Trésor ou d'obligations cette année afin de couvrir le déficit de financement temporaire.

Le Trésor a jusqu'à présent couvert environ 80 % de ses besoins bruts de financement pour 2023, a-t-il estimé vendredi. Les analystes avaient précédemment estimé un chiffre d'environ 90 %.

Entre-temps, les coûts d'emprunt de Rome augmentent.

L'écart entre les rendements italien et allemand à 10 ans - un indicateur du sentiment du marché à l'égard de l'Italie très endettée - a augmenté à 200 points de base au début des échanges à Londres vendredi, le plus élevé depuis mars.

Lors des adjudications italiennes de jeudi, les rendements du BTP à 10 ans ont atteint leur niveau le plus élevé en 11 ans.

À la fin du mois d'août, le coût moyen de financement de l'Italie s'élevait à 3,62 %, le niveau le plus élevé depuis 2008 et en hausse par rapport à 1,71 % en 2022, a déclaré le Trésor.

Le Premier ministre Giorgia Meloni a déclaré vendredi qu'elle n'était pas préoccupée par la récente hausse des rendements obligataires italiens.

Pour le quatrième trimestre, le Trésor estime les émissions brutes d'obligations à moyen et long terme à environ 60 milliards d'euros, les émissions nettes de remboursements étant considérées comme négatives à hauteur de 12 milliards d'euros sur la même période. (1 $ = 0,9462 euros) (Reportage complémentaire de Giuseppe Fonte, édition de Gavin Jones)