David Marsh,

MarketWatch

En admettant qu'elles sortent indemnes des douze prochains mois, 2019 pourrait bien être l'année de tous les dangers pour l'Union européenne et, surtout, pour la zone euro.

Doivent en effet arriver à leur terme cette année-là les mandats de huit ans du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et du président de la Bundesbank, Jens Weidmann, le généreux soutien financier des fonds structurels de l'Union européenne aux pays d'Europe centrale et orientale, ainsi que les versements du Royaume-Uni, troisième contributeur net au budget de l'UE.

En outre, toute possibilité de soutien supplémentaire aux pays périphériques de la zone euro dans le cadre du programme d'assouplissement quantitatif de la BCE, qui aura atteint d'ici là plus de 2.000 milliards d'euros, aura disparu.

Weidmann à la tête de la BCE ?

Selon certains observateurs de la BCE, les dirigeants européens pourraient envisager, après les élections législatives de septembre en Allemagne, de "remodeler" la direction de la banque centrale.

En 2018, Angela Merkel pourrait tenter, si elle est reconduite à la Chancellerie à l'issue des élections, de placer Jens Weidmann à la tête de la BCE. Mario Draghi aurait alors le champ libre pour assurer à Rome la présidence du Conseil et prendre ainsi la tête d'un énième gouvernement de technocrates chargé de préserver la place de l'Italie au sein de l'UE et de la zone euro.

Ce scénario, aussi improbable qu'il paraisse, comporterait trois avantages.

Premièrement, confier la direction de la BCE à Jens Weidmann garantirait l'adhésion indéfectible de l'Allemagne à la monnaie unique en empêchant, aussi complexe que puisse être un tel processus, toute velleité de sortie de la première économie de la zone euro.

Mission accomplie pour Mario Draghi

Deuxièmement, le programme d'assouplissement quantitatif aura très certainement été bouclé d'ici au second semestre 2018, ce qui permettrait à Mario Draghi de quitter Francfort la tête haute, sa mission accomplie.

Troisièmement, Mario Draghi, qui aura 70 ans en septembre, suivrait ainsi les traces tout à fait respectables de Carlo Ciampi, autre technocrate italien qui, comme le patron de la BCE, fut gouverneur de la Banca d'Italia. Carlo Ciampi, décédé en septembre dernier à l'âge de 95 ans, était devenu président du Conseil italien en 1993, un poste que Mario Draghi pourrait encore se voir confier dans les prochaines années s'il fait ses preuves.

Un remaniement autour du duo Weidmann-Draghi confirmerait une forte prédisposition des dirigeants européens à la Realpolitik, à l'heure où l'Europe doit relever des défis sans précédent depuis les années 1950.

-David Marsh, éditorialiste pour MarketWatch, un site financier du groupe Dow Jones.

(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV