(Actualisé avec réaction, contexte)

par Dan Levine

SAN FRANCISCO, 30 janvier (Reuters) - L'Etat de Washington, dans le nord-ouest des Etats-Unis, a annoncé lundi qu'il allait saisir la justice fédérale pour tenter d'obtenir l'invalidation du décret anti-immigration signé vendredi par Donald Trump.

Les autorités démocrates de Seattle estiment que ce texte est contraire à la Constitution des Etats-Unis, notamment la clause garantissant l'égalité de traitement ainsi que les dispositions du Premier amendement relatives à la liberté religieuse.

Plusieurs procédures judiciaires individuelles ont été engagées sur les mêmes bases depuis que le président des Etats-Unis a interdit aux ressortissants de sept pays musulmans d'Afrique et du Moyen-Orient l'accès au territoire américain. Mais l'exécutif de Seattle sera le premier Etat du pays à prendre une telle initiative.

Le décret, signé vendredi, interdit pendant 90 jours l'accès du territoire américain aux ressortissants en provenance d'Iran, d'Irak, de Libye, de Somalie, de Syrie, du Soudan et du Yémen, pendant 120 jours l'accueil de tout réfugié aux Etats-Unis, et suspend sine die l'accueil de tous les réfugiés syriens.

"C'est une insulte et un danger pour tous les habitants de l'Etat de Washington, de toutes croyances", a déclaré à la presse le gouverneur démocrate Jay Inslee.

Il a ajouté qu'il était important que l'administration Trump ait à se défendre dans des poursuites intentées par un Etat de l'Union, et pas simplement par des justiciables touchés par le décret présidentiel.

Bob Ferguson, Attorney General (ministre de la Justice) de l'Etat de Washington, a précisé lors d'une conférence de presse téléphonique que plusieurs entreprises parmi lesquelles Amazon et Expedia, dont les sièges sociaux sont situés dans cet Etat, s'associeraient à ce recours devant la cour fédérale de Seattle.

"A nos employés aux Etats-Unis et dans le monde qui pourraient être directement touchés par ce décret, je veux que vous sachiez que toutes les ressources d'Amazon sont derrière vous", écrit Jeff Bezos, le PDG d'Amazon, dans une note aux employés.

Microsoft, également basée dans l'Etat de Washington, a annoncé qu'elle coopérait avec les services de l'Attorney General.

D'autres Etats, dont la Californie et l'Etat de New York, ont annoncé qu'ils réfléchissaient à l'opportunité d'engager des procédures similaires.

"Le décret de Trump ne devrait pas exister et doit être contesté comme enfreignant la Constitution", a déclaré Xavier Becerra, l'Attorney General démocrate de Californie dans un communiqué. "Cela foule aux pieds des siècles de tradition américaine", a-t-il ajouté.

Son homologue de l'Etat de New York, Eric Schneiderman, a déclaré sur Twitter qu'il ferait "tout ce qui est en (s)on pouvoir pour aider à mener le combat pour définitivement abattre ce décret".

Les procureurs démocrates pourraient devenir un creuset de la résistance aux mesures que le nouveau président des Etats-Unis entend mettre en oeuvre, tout comme les procureurs républicains s'étaient opposés à la politique de Barack Obama. (Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français)