L'Espagne, dont les coûts d'emprunt ont flambé sur les marchés, cherche à convaincre les investisseurs qu'elle n'aura pas besoin, à terme, de recourir à une aide internationale.

Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a annoncé la fin de l'indemnisation de 426 euros par mois décidée il y a un an à peine pour les chômeurs de longue durée dont les droits ont expiré - qui concernait 70.000 personnes - et des mesures en faveur des petites et moyennes entreprises.

Il a en outre expliqué que l'Etat allait céder 30% de la loterie nationale au secteur privé et autoriserait des investisseurs privés à monter jusqu'à 49% au capital des aéroports et services aéroportuaires du pays.

"Ces mesures favorisent les investissements économiques, l'emploi et tout particulièrement les petites et moyennes entreprises", a dit le chef du gouvernement espagnol devant le Parlement.

Actuellement propriétés de l'Etat, les aéroports de Madrid et Barcelone, les deux premiers du pays, seront gérés par le privé par le biais de concessions, a-t-il précisé.

L'Etat estime que la valorisation de la société publique aéroportuaire AENA pourrait s'élever à 30 milliards d'euros, soit près d'un tiers du déficit prévu cette année, autour de 100 milliards, soit 9,3% du PIB.

REGAGNER LA CONFIANCE

L'Espagne a déjà revalorisé d'un point sa TVA et adopté un budget d'austérité pour 2011 de manière à éviter une crise de type grecque ou irlandaise.

"Nous saluons les nouvelles mesures concrètes annoncées par le gouvernement espagnol (...) Elles confirment la détermination à mettre en oeuvre le programme de réforme", a réagi le porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj.

Le commissaire européen à la Concurrence, l'Espagnol Joaquin Almunia, a lui aussi accueilli favorablement ces annonces.

"Elles vont dans la bonne direction et nous sommes certains qu'elles auront non seulement un impact positif pour l'économie mais renforceront la confiance en l'Espagne", a-t-il dit.

Les efforts de Madrid pour réduire son déficit sont en effet observés de très près par les investisseurs qui redoutent une propagation de la crise souveraine dans la zone euro.

L'écart de rendement entre le titre de dette obligataire espagnole à dix ans et le Bund allemand de référence a atteint mardi un record depuis la création de l'euro, avant de refluer légèrement mercredi .

Le chômage, dont le taux est le plus élevé de la zone euro, a quant à lui reculé pour la première fois en trois ans au troisième trimestre, à 19,8%.

Bien que sortie de la récession au début de l'année, l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, peine à convaincre de sa solidité, d'autant que les économistes s'attendent à ce que les mesures d'austérité adoptées pour rassurer les marchés freinent sa croissance en 2011.

La fragilité des finances de ses régions autonomes, celle de certaines de ses banques lestées de crédits immobiliers toxiques et lourdement exposées au Portugal, alimentent aussi les craintes de voir le pays demander une aide financière.

Paul Day, avec Jan Strupczewski, Clément Guillou et Grégory Blachier pour le service français, édité par Nicolas Delame