par Nigel Davies et Carlos Ruano

"L'Espagne n'a pas besoin d'un financement additionnel provenant de quelque institution internationale que ce soit. La rumeur est fausse et je la démens", a déclaré le secrétaire au Trésor Carlos Ocana.

Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a confirmé que l'Espagne n'avait pas sollicité d'aide financière auprès de la zone euro.

Un porte-parole de la Commission européenne avait auparavant indiqué qu'aucun pays de la zone euro n'avait sollicité d'aide, tandis que le ministère allemand des Finances notait que les conditions d'une éventuelle demande d'aide de Madrid n'étaient pas réunies.

"Pour que les conditions soient requises pour le filet de sécurité, il faut qu'un pays ait des difficultés de paiement et qu'il y ait danger pour la stabilité de l'ensemble de la zone euro. A l'heure actuelle, il est évident que ces conditions ne sont pas réunies", a déclaré un porte-parole en faisant référence au mécanisme de stabilisation adopté par les pays européens dans le sillage de la crise grecque.

Le Frankfurter Allgemeine Zeitung de lundi affirme que des pays de l'Union européenne se préparent à aider l'Espagne par des crédits et que le dossier sera débattu à Bruxelles cette semaine.

Une réunion téléphonique des ministres des Finances du G7 a eu lieu lundi après-midi, mais l'Espagne n'a pas été à l'ordre du jour, Jean-Claude Juncker évoquant une réunion de "routine" tandis que Berlin précisait que la discussion avait porté sur les préparatifs de la réunion du G20 prévue à Toronto à la fin du mois.

Carlos Ocana a toutefois a reconnu pour la première fois officiellement que certaines banques espagnoles se voyaient refuser des prêts sur le marché interbancaire international.

"C'est vraiment un problème", a-t-il reconnu. "La manière de restaurer la confiance est de prendre des mesures résolues et concrètes."

CHERS EMPRUNTS

Les banques espagnoles sont sous pression depuis l'intervention de la Banque d'Espagne le mois dernier pour prendre le contrôle de CajaSur, une petite caisse d'épargne contrôlée par l'Eglise catholique, ce qui a mis en lumière la situation précaire des autres caisses d'épargne.

De sources bancaires, on a indiqué la semaine dernière que le problème de liquidité concernait surtout les caisses d'épargne, voire les petites banques, mais en aucun cas les grands établissements.

Quatrième puissance économique de la zone euro, l'Espagne a décidé de mettre en oeuvre simultanément plusieurs grands programmes économiques face à la crise économique et financière: un programme d'austérité de 15 milliards d'euros, une refonte du code du travail et des fusions de certaines des 45 caisses d'épargne du pays.

Madrid a jusqu'ici pu emprunter sur le marché mais avec une prime orientée à la hausse. Jeudi dernier, elle a dû consentir un rendement de 3,317% pour vendre des obligations à trois ans.

Elle a besoin de refinancer pour 16,2 milliards d'euros d'obligations en juillet.

Cette semaine, le Trésor espagnol a prévu de lever entre 7,5 et 9,5 milliards d'euros via des emprunts de diverses maturités.

La dette espagnole est l'une des plus faibles de la zone euro rapportée au produit intérieur brut (PIB), puisqu'elle ne représentait "que" 55% du PIB en 2009, contre plus de 115% pour la Grèce.

"L'Espagne est un pays à faible niveau de dette (...). Dans ce sens, elle n'a absolument aucun problème pour répondre à ses besoins de financement", a déclaré Carlos Ocana.

Lundi en début d'après-midi, l'écart de rendement entre l'obligation d'Etat espagnole à dix ans et le Bund allemand de référence atteignait 206 points, contre 193 en début de journée.

Le président de la deuxième banque espagnole, BBVA, a estimé lundi que les doutes suscités par la dette souveraine espagnole avait des répercussions sur les emprunteurs privés.

"Pour la majorité des entreprises et des établissements financiers espagnols, les marchés financiers internationaux sont fermés", a-t-il affirmé lors de cette conférence.

Le principal syndicat espagnol, le CCOO, a fait savoir lundi qu'il appellerait à la grève générale pour protester contre le projet de réforme du gouvernement et qu'il annoncerait la date de la grève lors d'une conférence de presse mardi.

Wilfrid Exbrayat et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Marc Angrand