PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ce n'est pas la première fois de l'année que la fébrilité des marchés s'accompagne d'un regain de volatilité. Avant de conclure hâtivement que la grande correction redoutée par nombre de professionnels est engagée, on doit constater que les signes de haut de cycle se multiplient et que la prudence doit reprendre ses droits.

Pour l'instant, le recul des indices s'apparente plus à une saine consolidation qu'à un décrochage. En cinq jours, la baisse du S&P 500 se limite à 2,7% et celle du CAC 40 à 3,6%, sachant que les deux indices demeurent en positif depuis le 1er janvier. Légèrement pour le second, de 2,5% pour le premier.

De plus, l'un des grands moteurs de la hausse, la capacité bénéficiaire des entreprises, reste allumé. Il devrait assurer aux indices une trajectoire élevée, mais plus forcément synonyme de records en série.

Car la brutalité de la réaction des taux à l'annonce vendredi d'un regain de tension salariale aux Etats-Unis a montré que la sérénité des marchés face au risque d'inflation, dont la reprise généralisée est porteuse, a disparu. Ils ne laisseront plus rien passer sur ce registre, et agiront en conséquence en prenant leurs bénéfices en Bourse.

Avis aux banquiers centraux dont l'habileté à piloter la remontée des taux sera cruciale : graduelle, elle restera compatible avec des indices solides. Brutale, elle pourrait provoquer une rude correction.

Avis aussi aux décideurs politiques qui songent en France à ramener les particuliers vers les entreprises et la Bourse, par une réforme de l'épargne ou des privatisations. Si le but est louable, le timing est délicat. Il faudra y mettre de solides garde-fous si l'on veut éviter une nouvelle déconvenue cuisante, du genre de celle de 2001 par exemple.

-Philippe Mudry, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: ECH

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