par Andreas Rinke

BERLIN, 21 novembre (Reuters) - Le ministère allemand des Affaires étrangères envisage de renforcer les règles applicables aux entreprises très exposées à la Chine, en les obligeant à divulguer davantage d'informations et éventuellement, à effectuer des tests de résistance aux risques géopolitiques, selon un projet de document confidentiel consulté par Reuters.

Les mesures proposées s'inscrivent dans le cadre d'une nouvelle stratégie commerciale vis-à-vis de la Chine élaborée par le gouvernement du chancelier Olaf Scholz, qui cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la puissance économique asiatique.

"L'objectif est de modifier la structure d'incitation des entreprises allemandes à l'aide d'instruments d'économie de marché, afin de rendre plus attrayante la réduction de la dépendance à l'égard des exportations", indique le document, qui met l'accent sur les industries chimique et automobile.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire.

Le projet, élaboré par le ministère des Affaires étrangères dirigé par Annalena Baerbock (Verts), doit encore être approuvé par les autres ministères. Une décision finale sur la stratégie vis-à-vis de la Chine est attendue au début de l'année prochaine.

D'étroits liens commerciaux unissent les deux plus grandes économies d'Asie et d'Europe, et la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Allemagne en 2016.

Toutefois, cette relation fait l'objet d'un examen minutieux depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, qui a entraîné la fin d'une relation de dix ans sur le plan de l'énergie avec Moscou et a poussé de nombreuses entreprises à abandonner leurs activités locales.

"Nous ne devons pas commettre à nouveau cette erreur. Il s'agit de la responsabilité des hommes politiques et des entreprises", indique le document.

IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET NORMES SOCIALES

Parmi les mesures décrites dans ce document de 65 pages, dont certaines ont déjà été rendues publiques, figure un renforcement des règles applicables aux entreprises actives en Chine afin de garantir la prise en compte des risques géopolitiques.

"Nous souhaitons obliger les entreprises particulièrement exposées à la Chine à préciser et à résumer les développements et les chiffres pertinents liés à la Chine, par exemple sous la forme d'une obligation de notification distincte, sur la base des exigences de divulgation existantes", indique le document.

"Sur cette base, nous évaluerons si les entreprises concernées doivent effectuer des tests de résistance réguliers afin d'identifier à un stade précoce les risques spécifiques à la Chine et de prendre des mesures correctives."

Les garanties en termes d'investissement feront l'objet d'un examen plus approfondi pour tenir compte de l'impact environnemental, du travail et des normes sociales et pour éviter le travail forcé dans la chaîne d'approvisionnement. Pour se prémunir des risques de concentration, les garanties d'investissement devraient être limitées à 3 milliards d'euros par entreprise et par pays, ajoute le document.

Le gouvernement prévoit également de renforcer les garanties de crédit à l'exportation afin d'éviter les transferts de technologies indésirables, en particulier les technologies sensibles à double usage et celles qui peuvent être utilisées à des fins de surveillance et de répression, indique le document.

La nouvelle stratégie, fortement poussée par les Verts au sein de la coalition, dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz mais comprenant également le Parti libéral-démocrate (FDP), marque une rupture avec les politiques de Berlin sous l'ancienne chancelière conservatrice Angela Merkel. (Rédigé par Andreas Rinke; Version française Kate Entringer, édité par Sophie Louet)