* Jacob Zuma, président sud-africain, a félicité Mugabe

* Les USA et les pays de l'UE préoccupés par des irrégularités

* Les Occidentaux ne devraient pas se montrer très offensifs

par Chris Chinaka

HARARE, 4 août (Reuters) - Jacob Zuma, président sud-africain, a félicité dimanche son homologue Robert Mugabe pour sa réélection, proclamée la veille, ce qui reflète l'attitude générale des dirigeants du continent et contraste avec les doutes émis par l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis sur la crédibilité du scrutin.

Robert Mugabe, au pouvoir sans interruption depuis 1980, a été déclaré samedi vainqueur des élections du 31 juillet par la commission électorale, avec 61% des suffrages en sa faveur contre moins de 35% à son adversaire, le Premier ministre Morgan Tsvangirai. ( )

Jacob Zuma a adressé dimanche ses "profondes félicitations" à Robert Mugabe, âgé de 89 ans, malgré le rejet des résultats par Morgan Tsvangirai, qui a annoncé que sa formation, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), les contesterait "par tous les moyens légaux".

"Le président Jacob Zuma presse tous les partis politiques du Zimbabwe d'accepter l'issue des élections, puisque les observateurs ont jugé qu'elles reflétaient la volonté du peuple", dit le communiqué du chef d'Etat sud-africain.

Les observateurs du Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ont estimé que le scrutin, qui regroupait des élections législatives et présidentielle, avait été libre, et ont souligné qu'il s'était déroulé de façon pacifique contrairement à ce qui s'était produit en 2008.

SÉRIE D'IRRÉGULARITÉS

Les précédentes élections avaient été l'occasion de violences des partisans de Robert Mugabe, issu du l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF), contre ceux de Morgan Tsvangirai, qui s'était retiré du second tour, mais avait ensuite pris la tête du gouvernement sous la pression des partenaires régionaux du Zimbabwe.

Si la SADC a cette fois salué le scrutin, les Etats-Unis et les gouvernements de l'UE ont fait état d'une série d'irrégularités, parmi lesquelles l'orientation des médias en faveur du président sortant et l'attitude menaçante des services de sécurité peu avant la tenue des élections.

Le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale du Zimbabwe, alors nommé Rhodésie, a par exemple exprimé de "profondes préoccupations" par la voix de son ministre des Affaires étrangères, William Hague, qui a estimé que ces irrégularités "mettaient sérieusement en doute la crédibilité des élections".

Le Zimbabwe n'a pas autorisé la présence d'observateurs occidentaux, mais les réactions américaines et européennes font écho aux propos d'examinateurs zimbabwéens indépendants, selon qui des problèmes d'inscription sur les listes électorales ont empêché de voter jusqu'à un million de personnes.

Global Witness, une ONG de lutte contre la corruption, a elle accusé le gouvernement et la Zanu-PF d'avoir profité de leurs liens avec des compagnies minières pour utiliser de l'argent issu de l'exploitation du diamant pour assurer la victoire de Robert Mugabe.

Même si les pays occidentaux ont déjà mis en oeuvre par le passé des sanctions contre le Zimbabwe à la suite de fraude électorale, il est cependant incertain qu'ils se montrent particulièrement offensifs, alors que leurs investissements dans le pays sont affectés par la concurrence de la Chine. (Avec Xola Potelwa à Johannesburg; Julien Dury pour le service français, édité par Pascal Liétout)