par Robin Emmott et Hamid Shalizi

BRUXELLES, 5 octobre (Reuters) - Les plus de 70 pays réunis à Bruxelles à l'initiative de l'Union européenne pour tenter de réunir des fonds pour l'Afghanistan se sont engagés à donner 15 milliards de dollars (plus de 13 milliards d'euros) mercredi pour couvrir les besoins de financement du pays pour les quatre prochaines années.

L'objectif de cette conférence de deux jours était de parvenir à des promesses de dons d'un montant de trois milliards de dollars par an pour la période 2017-2020.

L'Union européenne a également promis de relancer le processus de paix dans un pays considéré comme stratégique pour la sécurité mondiale.

En contrepartie des fonds accordés, il est demandé à l'Afghanistan de s'engager à mettre en oeuvre un certain nombre de réformes politiques, économiques et sociales.

L'UE demande aussi à Kaboul de récupérer ses ressortissants présents en Europe qui ne sont pas considérés comme des réfugiés.

Les membres de la communauté afghane des Hazaras, une minorité de confession chiite, cible des taliban et de l'Etat islamique, n'apprécient pas cette nouvelle politique. Plusieurs centaines de leurs représentants ont manifesté devant les locaux de la conférence.

En marge des débats, l'UE a tenté de remettre sur les rails les négociations de paix en réunissant les Etats-Unis, la Chine, l'Inde et le Pakistan, mardi soir pour un dîner.

Selon les spécialistes, il sera difficile d'élaborer une solution sans les taliban à la table des négociations.

Selon deux personnes informées sur le dîner organisé par la Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, les représentants de l'Inde et la Chine ont semblé désireux d'envisager des discussions de paix.

Mais un certain nombre d'obstacles sont toujours là, ajoute-t-on. Les Etats-Unis accusent le Pakistan de continuer à héberger des taliban afghans sur son sol. L'Inde n'est pas sûre que les taliban ont changé, à voir la façon dont ils dirigent les 10% du territoire afghan qu'ils contrôlent, dit-on encore.

Le secrétaire d'Etat John Kerry, qui participait au dîner avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, a appelé la Russie, la Chine, l'Inde, le Pakistan et l'Iran lors de la conférence à "réfléchir au rôle spécial qu'ils pourraient jouer dans la région (..) en parvenant à la paix avec les taliban."

Lors des débats, le vice-ministre indien des Affaires étrangères, M.J. Akbar, avait déclaré : "Nous devons tenir bon en Afghanistan. L'Inde ne croit pas à la possibilité d'un départ." Il faisait faisant écho au sentiment de plus en plus partagé selon lequel il n'y a pas de fin en vue à la présence de la coalition menée par les Etats-Unis en Afghanistan. (Avec David Brunnstrom à Washington, James Mackenzie à Kaboul et Alastair Macdonald et Gabriela Baczynska à Bruxelles; Danielle Rouquié pour le service français)