* Intenses combats à la tombée de la nuit à Kobani

* La Turquie juge l'idée d'un corridor "irréaliste"

* Un attentat de l'EI fait 28 morts dans une ville kurde d'Irak

par Ayla Jean Yackley et Saif Sameer

MURSITPINAR, Turquie, 12 octobre (Reuters) - Les défenseurs kurdes de Kobani, ville du nord de la Syrie assiégée depuis près d'un mois, résistent toujours aux djihadistes de l'Etat islamique, qui ont commis dimanche de nouveaux attentats meurtriers en Irak.

Dimanche, à la tombée de la nuit, le centre de cette localité adossée à la frontière turque était la cible de tirs nourris d'artillerie et de mortier, a déclaré Öcalan Iso, vice-président du comité de défense local, joint par Skype. De violents combats ont en outre éclaté dans l'est et le sud-est, mais aucun des deux camps n'a gagné de terrain, a-t-il ajouté.

Selon Idris Nassan, vice-ministre des Affaires étrangères du gouvernement kurde de la région, les affrontements ont débuté à la tombée de la nuit. Des assaillants sont notamment tombés dans une embuscade des forces kurdes, a-t-il précisé.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui suit le conflit syrien au quotidien via un réseau d'informateurs sur place, indique lui aussi que les miliciens kurdes résistent aux djihadistes. Ces derniers ont selon lui subi samedi la perte de 36 hommes, tous étrangers, alors que huit combattants kurdes ont été tués. Dimanche, les affrontements avaient lieu autour du quartier administratif pris l'avant veille par l'Etat islamique, ajoute l'OSDH.

Vendredi, Staffan de Mistura, émissaire de l'Onu en Syrie, a prié la Turquie de laisser des "volontaires" se rendre à Kobani pour prêter main forte aux combattants kurde.

Les représentants de la communauté kurde de Turquie demandent eux aussi à Ankara d'ouvrir un corridor pour permettre l'acheminement de renforts et d'armes à Kobani, mais le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a jugé dimanche l'idée "irréaliste".

La bataille de Kobani a donné lieu à des manifestations d'une rare violence qui ont fait 38 morts en Turquie, où vivent 15 millions de Kurdes. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui observe un cessez-le-feu depuis 2012, a par ailleurs menacé de reprendre les armes si la Turquie ne fait rien pour Kobani.

"TRAGÉDIE"

La coalition formée à l'initiative de Washington pour combattre l'Etat islamique a intensifié ces derniers jours ses raids aériens contre les positions djihadistes autour de la ville, mais les Etats-Unis eux-mêmes reconnaissent que ces frappes ne pourront sans doute pas empêcher sa chute.

Le secrétaire d'Etat John Kerry s'est à nouveau ému dimanche de la "tragédie" qui s'y déroule, mais a répété que la stratégie américaine ne dépendait pas du sort de ville.

Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a quant à lui assuré samedi que les frappes aériennes avaient permis d'enregistrer certains progrès, mais a reconnu que Kobani posait "un problème très difficile".

Dans le nord de l'Irak, un attentat suicide revendiqué par l'Etat islamique a fait 28 morts et 90 blessés. L'explosion s'est produite au quartier général des peshmergas de Qara Tappa, une ville majoritairement kurde située dans le nord de la province de Diyala.

A l'ouest de Bagdad, une explosion a coûté la vie au général Ahmad Sadak al Doulaïmi, chef de la police de la province d'Anbar, où Islamistes et forces gouvernementales s'affrontent depuis plusieurs mois.

La Grande-Bretagne a annoncé dimanche que des conseillers militaires avaient été envoyés en Irak pour former les combattants kurdes qui luttent contre l'Etat islamique (EI). Il s'agit notamment de leur apprendre à entretenir et à utiliser les mitrailleuses lourdes fournies par Londres le mois dernier, a précisé le ministère britannique de la Défense (MoD).

Selon la presse irakienne, une douzaine de militaires britanniques se trouvent à Erbil, capitale du Kurdistan irakien autonome.

(, Jean-Philippe Lefief pour le service français)