Alors que les dirigeants du monde entier se sont réunis pour célébrer le 80e anniversaire du jour J, l'invasion alliée qui a libéré la France de l'Allemagne nazie, certains enfants qui vivaient en Normandie à l'époque se souviennent de la peur, des bombes et de la destruction.

Des milliers de soldats alliés sont morts le 6 juin 1944 sur les plages de Normandie, mais aussi des civils français, ce jour-là et pendant la bataille de Normandie qui a suivi pendant des mois.

Michel Finck, qui avait sept ans à l'époque, a pleuré mercredi en se remémorant cette période, avant une cérémonie qui sera présidée par le président français Emmanuel Macron à Saint-Lo, une ville de Normandie qui a été presque entièrement détruite lors des bombardements du jour J.

"Notre maison a été détruite. Les familles de notre rue ont été décimées. L'entreprise familiale de transport a également été détruite, et nous sommes partis pour Cherbourg (une ville située à plus de 80 km)", se souvient M. Finck, aujourd'hui âgé de 87 ans.

Il est parti à pied avec son frère. À un moment donné, des soldats allemands les ont aidés à traverser un pont.

"Il y avait des avions, des bombes... ce n'est pas quelque chose que l'on oublie facilement", a-t-il déclaré à Reuters, en versant de nouvelles larmes. La famille a survécu et est retournée vivre à Saint-Lo.

Ce traumatisme a fait de notre ville la "capitale des ruines", comme l'a écrit le dramaturge Samuel Beckett", a déclaré à Reuters le maire de la ville, Emmanuelle Lejeune. La ville, qui comptait 12 000 habitants à l'époque, était détruite à 90 %. Seules deux rues ont été épargnées.

Colette Poirier, âgée de quatre ans à l'époque, était originaire de la ville voisine de Belval. Elle se souvient qu'avec sa famille, au petit matin du 6 juin, ils ont essayé de dormir dehors pour se cacher des avions qui passaient au-dessus d'eux.

Elle a aussi des souvenirs plus heureux.

"Les jours suivants, nous avons vu des jeeps avec des soldats noirs, c'était la première fois que je voyais des hommes noirs. Et les chewing-gums (qu'ils distribuaient) ! Comme nous n'avions pas mangé beaucoup de sucre pendant la guerre, nous étions très enthousiastes, mais nous ne savions pas du tout comment les manger".

Mme Poirier raconte que les soldats allemands occupaient la ferme familiale et que, par conséquent, elle parlait allemand lorsqu'elle était enfant. Elle a été étonnée, dit-elle, par la rapidité de la réconciliation entre la France et l'Allemagne à l'époque.

Mmes Fick et Poirier attendaient toutes deux que M. Macron prononce un discours en hommage aux victimes civiles du jour J à Saint-Lo.

D'autres cérémonies auront lieu jeudi en présence de dirigeants mondiaux, dont le président américain Joe Biden et le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy.