Dans ce texte, il plaide également pour une plus grande coordination des politiques économiques des pays partageant la monnaie unique, une idée chère à la France mais qui ne fait pas l'unanimité parmi ses partenaires.

"Le traité de Lisbonne ne change pas seulement le cadre juridique de représentation de l'Union européenne (...) Il fournit également une base légale spécifique permettant à la zone euro de prendre position et d'avoir une représentation unifiée au sein des conférences et des institutions financières internationales", écrit-il.

"Je pense qu'il est essentiel de s'assurer que les intérêts de la zone euro sont pleinement représentés dans les discussions internationales", ajoute-t-il.

Le Premier ministre et ministre du Trésor luxembourgeois, qui est aussi le plus ancien membre de l'Eurogroupe, appelle par ailleurs de ses voeux l'octroi d'un mandat clair pour défendre les intérêts de la zone euro et des discussions sur la nature de cette représentation.

L'Eurogroupe n'est pas représenté en tant que tel au sein du G20, où la position européenne est défendue par la Commission européenne et la présidence tournante de l'UE.

Il est couramment invité au G7 ou à certaines réunions du Fonds monétaire international (FMI), où il doit faire face à la concurrence de la France, de l'Allemagne ou de l'Italie.

GOUVERNEMENT ÉCONOMIQUE

De manière plus surprenante, Jean-Claude Juncker reprend également à son compte dans cette lettre le cheval de bataille français de l'émergence d'un gouvernement économique européen en se disant prêt à se pencher sur l'évolution des marchés du travail, à surveiller de plus près les déséquilibres et les structures macroéconomiques et à attacher une importance particulière à la compétitivité européenne.

En cas de divergences avec un pays, la Commission européenne devrait dès lors être en mesure de lancer un avertissement.

"Une fois le lancement d'un avertissement par la Commission européenne, l'Eurogroupe devrait avoir une discussion franche avec le pays concerné de manière à s'assurer qu'une action efficace est décidée", explique Jean-Claude Juncker, qui exprime le souhait que l'Eurogroupe dispose d'un véritable secrétariat.

Selon un diplomate participant à la préparation, l'idée défendue par plusieurs pays, dont la France, est celle "d'une capacité d'expertise accrue pour que l'Eurogroupe s'occupe de compétitivité et pas seulement de changes et de politique budgétaire".

"L'Allemagne est très en ligne avec la France sur ce sujet (...) Mais Paris avance prudemment. Il faut acclimater le sujet en respectant l'indépendance de la Banque centrale européenne et sans effaroucher personne", dit encore ce diplomate.

Jeudi soir, s'exprimant à l'issue d'une entrevue en tête à tête avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Jean-Claude Juncker avait aussi indiqué qu'il n'était pas hostile à la tenue de sommets de l'Eurogroupe souhaitée notamment par la France, mais uniquement dans des circonstances exceptionnelles.

"J'ai expliqué en détail les idées que j'ai sur le sujet. Le président de la République s'est déclaré d'accord sur les grands axes de ce que sera l'action de l'Eurogroupe au cours des années à venir", avait-il déclaré.

Julien Toyer