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(Easybourse.com) Vous avez adressé de nombreuses critiques à  la feuille de route présentée par le gouvernement. N'y a-t-il pas néanmoins des points qui vont dans le bon sens et qui de ce fait ne nécessitent pas de compléments, ou de remise en cause ?
L'intention de réduire les dépenses fiscales et la volonté de s'engager dans une réforme constitutionnelle pour affermir la gouvernance de nos finances publiques vont dans le bon sens. Je soutiens fortement ces orientations même si mes propositions incitent le gouvernement à fournir davantage d'efforts.

Le gouvernement a transmis un rapport très bien rédigé, mais concernant les objectifs chiffrés, nous restons sur notre faim…
La lourde mécanique budgétaire ne change pas. Fin juin, l'Etat ne sait toujours pas où il en est. Il commence par arbitrer les dépenses puis arbitre ensuite les recettes. Obliger un ministre du budget à parler des recettes  alors que ces dernières n'ont pas été discutées, est très périlleux. 
Nous sommes cependant confrontés à la volonté d'un système à l'encontre de laquelle nous ne pouvons rien.

Les mesures qui ont vocation à être prises devraient être des mesures relativement rigoureuses. Dans un soucis d'équité, vous proposez un emprunt obligatoire. A savoir, 5% de cotisations supplémentaires d'impôts sur le revenu pour les 10% qui paient le plus d'impôt sur le revenu. Cela représente 5 milliards par an...
Je ne propose pas un alourdissement du barème car ceci aurait un impact anti compétitif qui ne serait pas possible d'assumer dans un pays ouvert.
Mais un emprunt obligatoire serait un acte de solidarité, une mesure qui de l'opinion publique doit être perçue comme un élément positif pour qu'il soit admis.

Pensez-vous cela réalisable dans la pratique ? Un tel dispositif  ne risque-t-il pas d'entraîner une évasion fiscale?
Je ne vois pas pourquoi, dans la mesure où le processus s'appliquerait de manière  quasi automatique aux redevables de l'impôt sur le revenu. De plus un emprunt n'est pas une taxation supplémentaire. Enfin, si une telle opération est le gage de la cohésion sociale, tout le monde est gagnant. L'équité doit être ressentie dans ces réformes. D'où la proposition d'un certain nombre de réformes concernant les retraites chapeau, les stocks options, certains catégories de plus values.

La mise en œuvre des réformes sera relativement douloureuse. Ne craignez vous pas diverses  pressions des lobbyings, ou de nouvelles tensions sociales ? Le renforcement de la pédagogie suffira-t-elle à calmer les ardeurs ?
Certes, nous pouvons nous attendre à ce que les lobbyings exercent leur influence. Cependant la seule bonne façon de les contourner serait de s'adresser directement à l'opinion publique.
Ensuite, il faut que chacun prenne ses responsabilités dès lors qu'il n'existe aucun schéma alternatif crédible par rapport à l'euro.
Les règles du jeu doivent être appliquées. Nous devons être crédibles à l'égard de nos partenaires. C'est une question de cohérence.
Auquel cas il faudra être capable d'expliquer ce qui remplacera l'euro et de quelle manière nous passerons du système que nous connaissons à un autre système.
 
Vous avez à un moment donné insisté sur la nécessité de prévoir le suivi de la mise en œuvre des réformes auprès des administrations et des collectivités territoriales. Cela pourrait-il se concevoir par des sanctions sous forme d'amendes ?
Ce qui pourrait se concevoir, serait l'utilisation des indicateurs de performance et l'application de pénalités financières ou des abattements de crédits à ceux qui seraient le moins performants.
Il faut dans toute réforme parvenir à s'appuyer à la fois sur les incitations et les sanctions ; autrement dit la carotte et le bâton. C'est ce qui est attendu d'une bonne gouvernance publique.

Propos recueillis par Imen Hazgui

- 07 Juillet 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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