Tokyo (awp/afp) - L'excédent commercial du Japon a reculé de 25% en 2017, malgré de solides exportations, un an après un retour des comptes dans le vert pour la première fois depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011.

Le solde s'est établi l'an dernier à 2991 milliards de yens (22 milliards d'euros), à comparer à un surplus de 3993,8 milliards en 2016, selon les statistiques publiées mercredi par le ministère des Finances.

Cette baisse s'explique par une forte augmentation des importations (+14%, à 75'298,6 milliards de yens), sur fond de hausse des prix des hydrocarbures. Les achats de pétrole et produits pétroliers ont ainsi bondi en valeur de 30% et 43,7% respectivement, et celles de charbon de 55%. A noter aussi, le regain de la demande de matériel électronique (+11,5%).

Les coûts des importations ont en outre été renchéris par un affaiblissement du yen face au dollar sur la période.

Le Japon a cependant réussi à maintenir un confortable excédent, loin des années passées dans le rouge (de 2011 à 2015) du fait du drame de Fukushima, qui avait porté un coup d'arrêt au nucléaire et conduit l'archipel à intensifier ses importations d'hydrocarbures.

La troisième économie mondiale a depuis relancé des réacteurs mais au compte-gouttes (seules cinq unités sont actuellement en service, sur un parc de 54 avant Fukushima).

EXPORTATIONS AU PLUS DEPUIS 2008

En 2016, le Japon avait bénéficié d'une baisse de la facture énergétique. Les cours des matières premières ont depuis remonté, mais ce phénomène a été en partie compensé l'an dernier par de vigoureuses exportations (+11,8%), en particulier dans les secteurs automobile et électronique (semi-conducteurs notamment), dans un contexte d'amélioration de la conjoncture mondiale.

Elles ont avancé de 11,8%, leur plus forte progression depuis 2010. En volume, elles se sont élevées à 78.289,7 milliards de yens, au plus haut depuis la crise financière internationale de 2008, ce qui a nourri la croissance économique de l'archipel.

"L'excédent commercial va continuer à se réduire au vu de la hausse des coûts de l'énergie, mais nous avons déjà vu ça avant, et il n'y a pas de quoi s'inquiéter", a commenté pour l'agence Bloomberg News Hiroaki Muto, économiste du centre de recherche Tokai Tokyo.

Par grandes zones géographiques, le Japon a légèrement accru son excédent commercial avec les Etats-Unis (+3,1%, à 7.035,6 milliards de yens), un sujet sensible depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Le nouveau président américain juge régulièrement que les échanges entre les deux pays ne sont pas "équitables".

En revanche, l'archipel a accusé un petit déficit vis-à-vis de l'Union européenne (96,8 milliards de yens), bien que moindre qu'un an plus tôt.

Concernant l'Asie, le solde est largement excédentaire malgré un déséquilibre toujours important avec la Chine (-3553 milliards de yens). Il s'est toutefois atténué par rapport à 2016 (en baisse de 23,7%).

Sur le seul de mois de décembre, le Japon a enregistré un surplus commercial de 358,97 milliards de yens (2,7 milliards d'euros), soit une chute de 43,5% sur un an. Le chiffre est nettement en-deçà des attentes des économistes interrogés par l'agence Bloomberg News (535 milliards de yens).

Pour les mêmes raisons que sur l'ensemble de l'année, les importations ont augmenté de 15%, tandis que les exportations signaient leur 13e mois de croissance d'affilée (+9,3%).

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