par Crispian Balmer

ROME, 8 janvier (Reuters) - Les partis de droite italiens se sont mis d'accord sur les grandes lignes d'une plate-forme commune en vue des élections législatives du 4 mars dans le pays, s'engageant notamment à baisser les impôts, à contrôler plus étroitement l'immigration et annuler les hausses programmées de l'âge du départ à la retraite.

Forza Italia, le parti de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, et ses deux alliés, la Ligue du Nord et les Frères d'Italie, devraient, à en croire les intentions de vote, remporter le scrutin prévu dans moins de deux mois sans pour autant disposer de majorité absolue.

Dans un entretien publié dimanche par le Corriere della Sera, le ministre de l'Economie Pier Carlo Padoan a dit que la formation d'une coalition droite-gauche ne peut pas être exclue si aucune majorité claire ne se dessine après les élections.

Les dirigeants des trois formations de droite, dont les rapports sont souvent tendus, se sont réunis dimanche pour leur première réunion dédiée à la stratégie de campagne.

"Moins d'impôts, moins de bureaucratie, moins de contraintes venues d'Europe, davantage de mesures d'aide pour ceux qui en ont besoin, plus de sécurité pour tout le monde", lit-on dans un communiqué commun publié après quatre heures de discussions qui ont eu lieu dans une des villas de luxe de Silvio Berlusconi.

S'il arrive au pouvoir, le bloc de droite veut également éliminer les "effets néfastes" d'une loi de 2011, nommée après le nom de la ministre du Travail et des Politiques Sociales de l'époque Elsa Fornero, qui prévoit une hausse échelonnée de l'âge du départ à la retraite.

L'Italie consacre plus de 16% de son produit intérieur brut (PIB) aux retraites du secteur public, soit le deuxième taux le plus élevé en Europe après la Grèce.

Les économistes notent que l'abrogation de la loi coûterait des milliards d'euros à l'Etat et serait également une source d'inquiétude pour les acteurs des marchés financiers.

TAUX D'IMPOSITION UNIQUE

Mais la loi est très impopulaire en Italie et le chef de file de la Ligue du Nord Matteo Salvini a fait de son annulation sa priorité numéro un.

"Annuler la loi Fornero figure dans le programme de centre-droit. Mission accomplie", a-t-il dit dans un message posté sur Twitter.

Matteo Salvini a également écrit que les trois partis s'étaient mis d'accord pour expulser les immigrants illégaux et pour "prendre le contrôle" des frontières du pays.

Dans le communiqué commun, il n'est pas fait mention d'une autre proposition de la Ligue du Nord - la sortie de l'euro - mais dans le texte figure l'engagement du bloc conservateur à mettre en place un taux d'imposition unique, non spécifié.

La Ligue du Nord prône un taux à 15% tandis que Silvio Berlusconi a proposé un taux compris entre 20% et 25%. Les tranches actuelles de l'impôt sur le revenu vont de 23% à 43%.

Le bloc n'a pas précisé comment il allait financer les mesures de son programme commun, disant simplement que l'abaissement du taux d'imposition conduirait plus de personnes à payer des impôts, ce qui augmenterait les recettes fiscales du pays.

Interrogé sur l'instauration d'un taux d'imposition unique, le ministre de l'Economie estime que les 15% proposés par la Ligue du Nord ne sont pas viables et juge la proposition de Silvio Berlusconi, qui table sur 20%, "moins irréaliste".

Pratiquement tous les partis souhaitent modifier ou abolir les règles budgétaires de l'Union, réduire les impôts et investir pour relancer l'économie, qui se remet lentement de la récession. (Benoit Van Overstraeten pour le service français)