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* Bombardements nourris, violents combats à Gaza

* Une quarantaine de morts dans la nuit selon les Palestiniens, de nombreux blessés

* Tsahal annonce que 121 de ses soldats ont été tués à Gaza

* Les forces israéliennes disent avoir pris le contrôle du centre de Khan Younis

LE CAIRE/GAZA/JÉRUSALEM, 17 décembre (Reuters) - Israël a intensifié ses bombardements sur Gaza dans la nuit de samedi à dimanche, tuant au moins une quarantaine de personnes, ont déclaré les Palestiniens, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'une pression militaire intense sur le Hamas était le seul moyen d'obtenir la libération des otages.

Selon les habitants et les militants, les attaques israéliennes et de violents combats se sont produits tout au long de l'enclave côtière où les communications sont coupées depuis quatre jours, compliquant l'accès aux blessés.

"La panne de communication à Gaza est la plus longue depuis le début de l'escalade israélienne", écrit le Croissant-Rouge palestinien sur X, ajoutant que ses équipes sont aussi freinées par les bombardements.

Le chef des services de renseignement israéliens s'est entretenu vendredi avec le Premier ministre du Qatar, qui a négocié des libérations d'otages en échange d'un cessez-le-feu d'une semaine et de la libération de prisonniers palestiniens, a fait savoir une source proche du dossier.

Des militants du Hamas ont toutefois déclaré qu'ils ne discuteraient plus de la libération de personnes capturées lors de leur attaque du 7 octobre en Israël, alors que l'Etat hébreu poursuit une guerre totale à Gaza.

En l'absence de tout espoir de compromis, la violence s’est intensifiée.

Des frappes de missiles israéliens contre une maison appartenant à la famille Shehab ont provoqué la mort de 24 personnes et blessé des dizaines d'autres dans le camp de réfugiés de Djabalia, au nord de Gaza, a rapporté la radio Hamas Aqsa, citant le ministère de la Santé.

Un médecin a confirmé que des dizaines de personnes avaient été tuées ou blessées dans cette maison et à proximité.

"Nous pensons que le nombre de morts sous les décombres est énorme, mais il n'y a aucun moyen de retirer les décombres et de les récupérer en raison de l'intensité des tirs israéliens", a-t-il déclaré par téléphone, à l'aide d'une carte SIM électronique.

À Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, les médecins ont déclaré qu'une douzaine de Palestiniens avaient été tués et des dizaines d'autres blessés, tandis qu'à Rafah, dans le Sud, une frappe aérienne israélienne a fait au moins quatre morts.

Israël a déclaré avoir agi contre des cibles "terroristes".

Environ 19.000 Palestiniens ont été tués, selon les responsables de la santé à Gaza, et des milliers d'autres ont été pris au piège sous les décombres provoqués par des frappes aériennes israéliennes depuis le 7 octobre, date à laquelle les militants du Hamas ont tué 1.200 personnes et capturé 240 otages - selon un bilan israélien - lors d'un raid surprise.

PERTES ISRAÉLIENNES

L'armée israélienne a fait savoir dimanche que 121 de ses soldats avaient été tués depuis le début de la campagne terrestre le 27 octobre, date de l'entrée de chars et de l'infanterie dans les villes et les camps de réfugiés de Gaza.

Lors de la réunion hebdomadaire de son cabinet dimanche, Benjamin Netanyahu a lu une lettre écrite par des proches de soldats morts.

"Vous avez la mission de vous battre. Vous n'avez pas la mission de vous arrêter au milieu", disait le message.

"Nous nous battrons jusqu'au bout", a ensuite déclaré le chef du gouvernement.

Le bilan est déjà presque deux fois plus élevé que lors de l'offensive terrestre de 2014.

Selon l'armée israélienne, des soldats ont trouvé des armes et un tunnel utilisé par des militants pour attaquer les troupes à Shejaia, une banlieue à l'est de la ville de Gaza, dans le nord, et détruit un stock d'armes dans la maison d'un membre du Hamas.

La branche armée du Djihad islamique, allié du Hamas, a déclaré que ses combattants avaient pris pour cible les forces israéliennes dans le quartier de Zeitoun, au nord de la ville de Gaza, avec des obus de mortier.

Les militants ont également combattu les troupes israéliennes dans le centre de la ville de Khan Younis (Sud), ont indiqué les habitants, et des chars israéliens ont bombardé les villages de l'est de Mughraqa et Juhr Eldeek, dans le centre de la bande de Gaza, où les combats se sont intensifiés avec les hommes armés du Hamas ces derniers jours.

À Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, des habitants ont dit avoir entendu des avions et des chars israéliens bombarder et le bruit de roquettes, apparemment tirées par des combattants du Hamas.

Selon des médecins, les forces israéliennes ont bombardé la cour de l'hôpital Nasser et ses environs, ainsi qu'une école dimanche matin.

L'armée israélienne a déclaré avoir tué sept "terroristes" lors d'une frappe aérienne sur Khan Younis et découvert des pièces de fabrication de roquettes et trois puits de tunnel à proximité d'une école utilisée comme abri. Tsahal affirme avoir visé le bureau du commandant local du Hamas et pris le contrôle de la place centrale Bani Suheila.

Israël dit faire des efforts pour éviter de toucher les civils alors qu'il cherche à éliminer le Hamas, qui dirige Gaza depuis 2006 et veut la destruction d'Israël.

NENATYAOU VEUT SE BATTRE JUSQU'A LA VICTOIRE

Benjamin Netanyahu a déclaré samedi que la guerre à Gaza était "existentielle" et devait être menée jusqu'à la victoire, avec une enclave démilitarisée et sous contrôle sécuritaire israélien.

"Les instructions que je donne à l'équipe de négociations reposent sur cette pression, sans laquelle nous n'avons rien", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, éludant une question sur une rencontre en Europe entre son chef des services secrets David Barnea et le cheikh qatari Mohammed bin Abdulrahman Al Thani.

La mort de trois otages tués par erreur par les forces israéliennes accroît la pression sur Benjamin Netanyahu pour qu’il trouve un moyen de faier libérer les captifs.

Le Hamas a répété qu'il ne négocierait aucun échange "à moins que l'agression contre notre peuple ne cesse une fois pour toutes".

Dans la ville méridionale de Rafah, des habitants se sont précipités pour secourir des familles coincées sous les décombres d’un bâtiment abritant des dizaines de personnes, dont certaines sont venues du nord selon les instructions de l’armée israélienne de se diriger vers le sud pour éviter les opérations terrestres.

Mahmoud Jarbou, qui habite à proximité, a comparé le bruit de l'explosion à "un tremblement de terre". "Nous étions assis dans la maison quand soudain des éclats d'obus sont tombés sur nous. Les gens criaient et sortaient en courant dans la rue", a-t-il raconté.

(Reportage Nidal al-Mughrabi au Caire et Shani et Fadi Shana à Gaza, Henriette Chacar, Ari Rabinovitch et Frank Jack Daniel à Jérusalem, Andrea Shalal, Jeff Mason, Eric Beech et David Brunnstrom à Washington ; Version française Elizabeth Pineau)