* Pas de nouvelles infiltrations depuis lundi - Israël

* Israël dit avoir frappé des cibles depuis la mer et les airs

* Blinken a discuté du soutien à Israël avec Cohen

* La France et l'Espagne contre une suspension de l'aide aux Palestiniens

(Actualisé tout du long, avec précisions, contexte, aide aux Palestiniens, déclarations américaines)

par Emily Rose et Nidal al-Mughrabi

JERUSALEM/GAZA, 10 octobre (Reuters) -

Israël a annoncé mardi avoir repris le contrôle de la frontière avec la bande de Gaza après une nouvelle nuit de frappes aériennes sur l'enclave palestinienne, tandis que le Hamas a menacé d'exécuter des otages en réaction.

Selon le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole en chef de l'armée israélienne, il n'y a pas eu de nouvelles infiltrations en provenance de Gaza depuis lundi.

S'exprimant à la radio de l'armée israélienne, il a ajouté que Tsahal avait décidé de poser des mines dans des zones où la barrière à la frontière avec Gaza a été renversée durant le week-end lors de l'incursion de hommes armés du Hamas.

Semblant réfuter des rumeurs selon lesquelles des hommes armés utiliseraient des tunnels depuis Gaza pour mener une incursion sur le sol israélien, il a noté que l'armée n'avait rien découvert de tel à ce stade.

Les violences, qui ont fait plus de 1.500 morts, ont suscité des déclarations internationales de soutien à Israël, des manifestations en faveur des Palestiniens et des appels à la cessation des combats et à la protection des civils.

Selon le dernier bilan rapporté par les médias israéliens, les attaques du Hamas ont fait 900 morts, au moins 2.600 blessés et des dizaines de prisonniers. Parmi les Israéliens décédés, 260 personnes, pour la plupart des jeunes, ont été abattues lors d'un festival de musique dans le désert, où certains des otages avaient été enlevés.

Le ministère de la Santé de Gaza a de son côté fait état d'au moins 687 Palestiniens tués et 3.726 blessés dans les frappes aériennes israéliennes sur l'enclave sous blocus depuis les attaques de samedi.

Des immeubles résidentiels, une mosquée et des hôpitaux ont notamment été frappés, selon les médias et des témoins sur place.

Israël a également bombardé le siège de la compagnie privée de télécommunications palestinienne, ce qui pourrait affecter les services de téléphonie fixe, d'internet et de téléphonie mobile.

MENACES SUR DES OTAGES

Les frappes se sont poursuivies dans la nuit de lundi à mardi. L'armée israélienne a déclaré avoir frappé des cibles dans la bande de Gaza depuis la mer et les airs, notamment un dépôt d'armes appartenant, selon elle, au groupe Djihad islamique et des cibles du Hamas le long de la côte de Gaza.

Le porte-parole du Hamas, Abu Ubaida, a menacé lundi de tuer des Israéliens parmi les dizaines de personnes retenues en otage après l'attaque surprise de samedi matin. Le Hamas exécutera un prisonnier israélien pour chaque bombardement d'une maison civile sans avertissement, il diffusera l'exécution, a-t-il ajouté.

L'armée israélienne n'a pas réagi à cette menace dans l'immédiat. D'après le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, plus de 100 personnes ont été faites prisonnières par le Hamas au cours du week-end.

Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement français, a confirmé mardi sur franceinfo que 14 ressortissants Français étaient portés disparus et ne pas exclure que certains soient otages du Hamas.

AIDES AUX PALESTINIENS?

A Gaza, des dizaines d'habitants du quartier de Remal, ont fui leur domicile.

"Nous avons pris nos enfants, nos petits-enfants et nos belles-filles et nous nous sommes enfuis. Je peux dire que nous sommes devenus des réfugiés. Nous n'avons ni sécurité ni protection. Quelle est cette vie? Ce n'est pas une vie", a déclaré Salah Hanouneh, âgé de 73 ans.

S'agissant des aides directes dont bénéficient les Palestiniens, la France s'est dite mardi défavorable à sa suspension, précisant en avoir informé la Commission européenne, selon un communiqué du Quai d'Orsay.

Ces aides sont concentrées sur le soutien aux populations palestiniennes, dans les domaines de l’eau, de la santé, de la sécurité alimentaire et de l’éducation, explique le ministère français des Affaires étrangères.

L'Espagne s'oppose aussi au projet de suspension de l'aide de l'Union européenne aux territoires palestiniens, a également fait savoir le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares.

"Cette coopération doit se poursuivre, nous ne pouvons pas confondre le Hamas, qui figure sur la liste des groupes terroristes de l'UE, avec la population palestinienne, ou avec l'Autorité palestinienne ou les organisations des Nations Unies sur le terrain", a-t-il dit dans une interview à la radio espagnole Cadena SER.

La

Commission européenne

a indiqué lundi soir vouloir réexaminer son aide aux Palestiniens mais

Oliver Varhelyi

, le commissaire européen chargé du voisinage et de l'élargissement, avait auparavant laissé entendre que toutes les nouvelles propositions budgétaires concernant l'aide aux Palestiniens seraient reportées jusqu'à nouvel ordre.

Une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'UE sur la situation en Israël est prévue dans la journée.

Par ailleurs, le chef d'état-major de l'armée américaine, le général Charles Q. Brown, a prévenu lundi l'Iran de ne pas se mêler de la crise en Israël, disant ne pas vouloir que le conflit s'élargisse, alors que le mouvement armé libanais du Hezbollah a tiré des roquettes vers le nord de l'Etat hébreu.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a discuté du soutien américain à Israël à l'occasion d'une conversation téléphonique avec le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen, a indiqué mardi le département d'État américain dans un communiqué.

Antony Blinken "a réaffirmé les efforts des Etats-Unis pour obtenir la libération immédiate de tous les otages", ajoute le communiqué. (Reportage Emily Rose, Maayan Lubell et Ari Rabinovitch à Jérusalem, Nidal al-Mughrabi à Gaza et Ammar Anwar à Sderot; avec la contribution d'Henriette Chacar et Dan Williams à Jérusalem, Ali Sawafta à Ramallah et Steven Scheer à Modiin et du Bureau de Washington, rédigé par Michael Perry et Stephen Coates, version française Claude Chendjou et Kate Entringer)