JERUSALEM (Reuters) - Au moins 152 Palestiniens ont été blessés vendredi dans des heurts avec les forces de l'ordre israéliennes près de la mosquée Al Aksa, dans la Vieille Ville de Jérusalem, rapporte vendredi le Croissant-Rouge palestinien.

Alors qu'Israël vient de subir au cours des dernières semaines plusieurs attaques meurtrières de la part d'assaillants arabes isolés, la tension est d'autant plus vive à Jérusalem que la fête de la Pâque juive coïncide cette semaine avec le ramadan, mois sacré des musulmans.

La police israélienne explique dans un communiqué être intervenue sur l'esplanade des Mosquées, appelée mont du Temple par les juifs, pour disperser une foule agressive restée sur place à l'issue de la prière du vendredi matin. Elle n'est en revanche pas entrée dans la mosquée Al Aksa, troisième lieu saint de l'islam.

L'intervention israélienne a été lancée à la suite de jets de pierres et de pétards contre des policiers et en direction du mur des Lamentations, lieu de prières pour les juifs situé en contrebas de l'esplanade des Mosquées.

Les plus de 152 blessés recensés par le Croissant-Rouge palestinien ont principalement été touchés par des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

"Nous travaillons à restaurer le calme, sur le mont du Temple et partout en Israël. En parallèle, nous nous préparons à tous les scénarios et les forces de sécurité sont prêtes à toute éventualité", a déclaré le Premier ministre, Naftali Bennett.

Un de ses porte-parole a précisé sur Twitter que des centaines de Palestiniens avaient été arrêtés.

Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a commenté les affrontements survenus sur l'esplanade des Mosquées en déclarant "tenir Israël entièrement et directement responsable pour ce crime et ses conséquences".

Nabil Abou Roudeina, porte-parole de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne qui administre une partie de la Cisjordanie occupée, a quant à lui estimé qu'une "intervention immédiate de la communauté internationale était nécessaire pour arrêter l'agression israélienne contre la mosquée Al Aksa afin d'éviter que la situation devienne incontrôlable".

Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a condamné l'intervention de la police israélienne et déclaré que l'Etat hébreu "assumera la responsabilité des conséquences".

La Jordanie, dont la monarchie hachémite est gardienne des lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem-Est, a condamné l'intervention policière israélienne sur l'esplanade des Mosquées, dénonçant une "violation flagrante" du traité de paix de 1994, qui confie la gestion de ces lieux saints à une fondation religieuse sous contrôle jordanien.

(Reportage Sinan Abu Mayzer, Ammar Awad et Ari Rabinovitch à Jérusalem, Ali Sawafta à Ramallah, Nidal al-Mughrabi à Gaza et Henriette Chacar à Jaffa ; version française Jean Terzian, Bertrand Boucey et Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)