WASHINGTON, 25 mai (Reuters) - Une enquête de l'armée américaine a reconnu jeudi que plus de 100 civils avaient été tués par une frappe américaine de la coalition internationale contre l'Etat islamique fin mars contre un immeuble de la partie occidentale de Mossoul, mais a estimé que l'EI était en grande partie responsable de ce drame.

Selon ces conclusions publiées jeudi, la frappe de la coalition sous commandement américain, menée dans le quartier d'Al Djadida, a accidentellement déclenché des explosifs qui avaient été placés par des combattants de l'Etat islamique dans le bâtiment, ce qui a entraîné son effondrement.

Les autorités locales et des témoins avaient à l'époque évoqué un total de 240 morts.

On estime qu'il s'agit d'un des incidents les plus meurtriers pour des civils depuis que la coalition internationale a commencé à bombarder l'EI en Syrie et en Irak en 2014.

Le général Matthew Isler, qui a supervisé l'enquête, a déclaré à la presse que 101 civils avaient été tués à l'intérieur de l'immeuble, quatre dans le bâtiment voisin et que 36 étaient toujours portés disparus.

Avant la frappe du 17 mars, les forces irakiennes se trouvaient à environ 100 mètres de là. Elles ont aperçu deux snipers au deuxième étage du bâtiment. Mais, a dit le général Isler, il y avait des angles morts et les forces irakiennes ne pouvaient pas voir la totalité du bâtiment.

La coalition surveillait les lieux depuis le début de l'offensive contre la partie ouest de Mossoul, quelques semaines auparavant. Mais, deux jours avant la frappe, la coalition n'a pu pratiquer de surveillance aérienne du secteur en raison du temps.

Quand la bombe a été larguée sur le bâtiment pour éliminer les snipers, elle a déclenché des explosifs à l'intérieur de la structure en béton du bâtiment, qui s'est effondrée sur ses occupants.

CRATÈRE A l'ARRIÈRE

Selon le général Isler, les Etats-Unis et les forces irakiennes qui se trouvaient non loin de là ne savaient pas que des civils se trouvaient dans le bâtiment ni que celui-ci avait été truffé d'explosifs.

"L'enquête a permis d'établir que l'EI a délibérément placé des explosifs et des tireurs embusqués pour faire du mal aux civils", a déclaré le général Isler.

Il a ajouté que la coalition prenait la responsabilité de l'attaque.

L'enquête a montré que la signature chimique retrouvée sur les résidus n'était pas associée à la bombe utilisée par les Etats-Unis mais plutôt aux explosifs dont se sert habituellement l'EI.

Le rapport d'enquête conclut que la quantité d'explosifs dans la bombe larguée par les Etats-Unis, environ 100 kilos, n'était pas suffisante pour faire s'effondrer le bâtiment.

En outre, la bombe a été larguée devant le bâtiment. Or, les ingénieurs de structure ont établi que les dégâts et le cratère de l'explosion se trouvaient à l'arrière du bâtiment.

Le rapport d'enquête recommande la création d'une équipe spécialisée chargée d'intervenir pus rapidement pour enquêter dans les cas où des victimes civiles sont probables.

Avant cette enquête, la coalition internationale contre l'EI avait annoncé qu'elle avait tué un peu plus de 350 civils dans les frappes menées en Irak et en Syrie depuis 2014. Cette estimation est bien plus basse que celle fournies par des groupes extérieurs. (Idrees Ali; Danielle Rouquié pour le service français)