(Actualisé avec citations de spécialistes en sécurité informatique)

LONDRES, 27 mars (Reuters) - Une cyberattaque, l'une des plus importantes jamais enregistrée, dirigée contre une organisation de lutte contre les spams provoque un ralentissement du trafic internet au niveau mondial qui pourrait aller en s'aggravant selon certains experts.

Spamhaus, organisation à but non lucratif basée à Londres et Genève qui publie des listes noires permettant aux fournisseurs d'accès internet (FAI) de filtrer les courriers électroniques indésirables, a déclaré être la cible d'attaques par déni de service (DDoS) d'une ampleur inédite depuis plus d'une semaine.

Les DDoS consistent à saturer un site internet en le soumettant à un trop grand nombre de requêtes provenant de multiples systèmes, de manière à le mettre dans l'incapacité d'identifier les utilisateurs légitimes du service et de traiter ce trafic.

"Au vu de l'amplitude signalée de cette attaque, qui a été estimée à 300 gigaoctets par seconde, nous pouvons confirmer qu'il s'agit de l'une des plus importantes opérations DDoS à ce jour", a indiqué dans un communiqué la société Kaspersky Lab.

"De plus graves perturbations pourraient survenir à plus grande échelle si l'attaque s'intensifie", poursuit ce spécialiste de la sécurité informatique.

Les pirates "visent chaque élément des infrastructures internet qu'ils estiments susceptible d'être affecté", a déclaré à la BBC Steve Linford, directeur de Spamhaus.

Pour Paul Vlissidis, directeur technique de NCC, autre acteur de la sécurité informatique, il est d'autant plus difficile de contrer cette attaque qu'un grand nombre d'ordinateurs sont impliqués.

"Si quelques ordinateurs envoient de grandes quantités de données, il est facile de les filtrer. Quand des milliers et des milliers (de machines) participent littéralement c'est beaucoup, beaucoup plus difficile", a-t-il expliqué à Reuters.

Selon lui, les volumes de trafic en jeu dans cette attaque ont déclenché une réaction en chaîne sur l'ensemble d'internet.

Le site britannique thinkbroadband, qui permet aux internautes de tester le débit de leur connexion, se montre plus optimiste et n'a détecté que peu de signes d'un ralentissement.

"Bien sûr il est possible que de nombreuses personnes puissent trouver que l'accès à des services ou certains sites sur internet est plus lent que d'habitude (...) mais apparemment rien ne prouve que les internautes britanniques aient été confrontés à une baisse de débit généralisée", peut-on lire sur le blog du site.

Spamhous serait directement ou indirectement impliquée dans près de 80% du filtrage des spams chaque jour, selon Cloudflare, une entreprise de sécurité informatique qui aide l'organisation à contrecarrer cette attaque. (Paul Sandle, Kate Holton et Michael Holden; Myriam Rivet pour le service français)