par Matthias Blamont

Le constructeur automobile, numéro deux européen par les ventes derrière l'allemand Volkswagen, a accumulé les difficultés ces derniers mois et la majorité des experts anticipent d'autres mauvaises nouvelles avec la poursuite de la dégradation du cycle économique.

"Le groupe ne communique plus, nous voyons PSA s'enfermer dans un isolement incroyable, ça ne donne pas confiance", déplore Eric-Alain Michelis, analyste automobile auprès de Société Générale Corporate & Investment Banking.

"Nous n'avons pas l'impression que Christian Streiff (le président du directoire, ndlr) ait effectué un retour à 100% dans la société. Par les temps qui courent, nous voudrions voir un dirigeant à 120% de ses capacités", ajoute-t-il.

Christian Streiff a été hospitalisé fin mai 2008 après avoir été victime d'un accident vasculaire cérébral. Il a repris ses fonctions en juillet et indiqué être "complètement rétabli".

REMANIEMENT

Au-delà des incertitudes sur l'état de santé de Christian Streiff, les équipes de PSA devront composer avec un nouvel état-major dans les prochaines semaines.

Gilles Michel, directeur général de la marque Citroën, a été nommé en décembre à la tête du Fonds stratégique d'investissement géré par la Caisse des dépôts tandis que Jean-Luc Vergne, directeur des ressources humaines du groupe, quittera son poste le 13 février.

Si le nouveau patron de Citroën n'est pas encore connu - plusieurs noms circulent sur le marché -, Denis Martin, actuellement directeur du centre de production de Rennes (Ille-et-Vilaine), a été désigné comme nouveau DRH. Il aura notamment pour mission de mener à son terme le plan de départs volontaires engagé par son prédécesseur.

D'ici au 30 juin, PSA veut réduire ses effectifs de 3.550 personnes en France pour être en mesure de surmonter la période douloureuse qui s'annonce, et il prévoit d'autres adaptations à l'international.

La filiale de crédit du groupe Banque PSA Finance devra également se chercher un nouveau directeur général, le titulaire du poste, Hervé Guyot, ayant été appelé à diriger le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles.

FLOTTEMENT

"Tous ces départs soulèvent des questions. Y-a-t-il un projet d'alliance qui prive certains de responsabilités? La communauté financière ne sait rien, PSA a verrouillé la communication auprès des investisseurs", déclare un intermédiaire basé à Paris.

Bon nombre d'experts et de dirigeants ont prévenu de l'imminence d'une vague de consolidation dans le secteur automobile.

Selon l'administrateur délégué de Fiat, Sergio Marchionne, seuls six grands groupes automobiles mondiaux devraient survivre d'ici à 2011 dont seulement deux en Europe. Le dirigeant a laissé planer le doute sur une éventuelle alliance avec PSA, lequel s'est refusé à tout commentaire.

PSA et Fiat collaborent depuis 1978 et produisent des véhicules particuliers et utilitaires sur des plates-formes communes en Italie et en France. "Tout le monde parle avec tout le monde et PSA parle forcément avec ses partenaires", confie une source proche du constructeur ayant préféré conserver l'anonymat. D'autres analystes évoquent la possibilité pour PSA de se rapprocher de BMW ou de Mitsubishi.

Certains observateurs préviennent cependant que tout projet de rapprochement se heurtera à un vif interventionnisme politique, avec des exigences fortes sur l'emploi.

D'autres avertissent que la limitation du crédit complique toute initiative majeure. Mais cette assertion peut être relativisée: l'annonce lundi du rachat du groupe pharmaceutique américain Wyeth par son compatriote Pfizer pour quelque 68 milliards de dollars montre bien en effet qu'une opération jugée pertinente parvient à trouver des financements bancaires, même en période de crise grave.

Les perspectives de PSA se sont fortement dégradées en l'espace de six mois. Si la relative résistance des marchés automobiles au premier semestre a permis au groupe d'afficher des résultats supérieurs aux attentes sur la période, le brutal décrochage des ventes au second l'a conduit à émettre un avertissement sur résultats. Pour 2008, il ne vise plus qu'une marge opérationnelle de 1,3%.

Le constructeur n'est pas en mesure de fournir une prévision de ventes pour 2009. Comme ses concurrents, il est contraint à la navigation à vue.

Edité par Jean-Michel Bélot et Marc Angrand