par Lina Kushch et Thomas Grove

DONETSK/LOUHANSK, Ukraine, 11 avril (Reuters) - Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, en visite dans l'est russophone du pays, a proposé vendredi de renforcer les prérogatives des régions afin de contrer les velléités des séparatistes pro-russes qui occupent plusieurs bâtiments publics.

Le projet de nouvelle constitution, a-t-il annoncé, contient "un nombre significatif" de pouvoirs, actuellement détenus par le pouvoir central, qui seraient dévolus aux exécutifs régionaux.

Les régions auraient notamment la possibilité de réinvestir une partie des taxes nationales dans les économies et les infrastructures locales.

Ce projet de décentralisation semble conçu pour répondre aux demandes d'autonomie des séparatistes sans aller cependant jusqu'à la mise en oeuvre du fédéralisme, une évolution institutionnelle que suggère fortement la Russie.

Pour les nouvelles autorités de Kiev, les séparatistes qui occupent depuis le week-end dernier le bâtiment des services de sécurité (SBU) à Louhansk et le siège du gouvernement régional de Donetsk mettent en oeuvre un plan élaboré au Kremlin pour démembrer l'Ukraine et déjà expérimenté, toujours selon Kiev, en Crimée, désormais annexée par la Fédération de Russie.

Arseni Iatseniouk, qui s'est rendu vendredi à Donetsk et à Dnipropetrovsk, autre ville de l'Est, a de nouveau appelé vendredi les séparatistes à déposer les armes et à quitter les bâtiments qu'ils occupent.

Un premier ultimatum, lancé mercredi par son ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, est arrivé à expiration sans que les forces de sécurité ne passent à l'action. Kiev a proposé entre-temps une amnistie aux contestataires, sans plus d'effet. (voir )

Mais Iatseniouk a prévenu que la patience avait des limites.

"Tout doit être fait pour que ceux qui ont pris ces bâtiments et détiennent des armes en sortent avant un recours à la force. Et aujourd'hui, nous avons cette capacité", a dit le Premier ministre.

Le premier vice-Premier ministre Vitali Iarema, qui l'accompagnait, a précisé: "Nous menons des négociations actives avec ces terroristes, ces séparatistes, et nous espérons régler cette question par des moyens pacifiques."

A Louhansk, les séparatistes qui se réclament d'une Armée du Sud-Est ont exigé que les autorités centrales adoptent sous trois jours une loi sur la tenue d'un référendum local. (Henri-Pierre André pour le service français)